L’Université de Montréal investit 390 M$ pour la rénovation de ses pavillons

4 novembre 2022
Par Mathieu Ste-Marie

Deux pavillons de l’Université de Montréal seront complètement transformés. Ces réaménagements intérieurs représentent le plus important projet de rénovation d’infrastructures existantes entrepris par l’établissement d’enseignement dans les 50 dernières années.

Les travaux toucheront environ 22 300 mètres carrés des pavillons Roger-Gaudry et Marie-Victorin, soit l’équivalent de trois terrains de football. Pas moins de 390 M$ seront investis dans ces transformations devenues possibles grâce à la libération des espaces et nécessaires à cause de la vétusté des pavillons construits au milieu du siècle dernier. « C’est un projet important d’un point de vue financier, mais c’est également un projet important pour l’institution et la communauté universitaire, explique le directeur général des projets majeurs d’infrastructure à l’Université de Montréal, Alain Boilard. Le pavillon Roger-Gaudry est le premier pavillon du campus, c’est son pavillon phare. Les gens s’identifient beaucoup à celui-ci. »

 

Alain Boilard, directeur général des projets majeurs d’infrastructure à l’Université de Montréal. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

 

Aménagement de salles d’enseignement et d’informatique, de laboratoires, de salles pour le travail en équipe et de bureauxnbsp; le pavillon Roger-Gaudry pourra accueillir notamment l’École de réadaptation et l’École d’orthophonie et d’audiologie, la Faculté de médecine ainsi que des bureaux administratifs. Ces nouveaux locaux proposeront un milieu de vie et de travail plus moderne qui intégrera la lumière naturelle et misera sur le décloisonnement de l’espace. De son côté, le projet de réaménagement de l’espace au pavillon Marie-Victorin comprend la création de salles de cours, de salles de réunions et de bureaux administratifs ainsi que de locaux d’un centre de la petite enfance. L’endroit pourra accueillir l’École de travail social, l’École de psychoéducation et des groupes de recherche sur l’inadaptation psychosociale chez l’enfant permettant ainsi de créer un pôle en sciences sociales.

 

Le pavillons Marie-Victorin, construit en 1959, subit des travaux depuis le mois d’octobre. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

 

Dans les deux pavillons, des mesures durables seront intégrées aux nouveaux aménagement, comme une meilleure ventilation, un système d’éclairage écoénergétique, des appareils de plomberie à faible débit et l’utilisation de matériaux recyclés. Ces travaux visent la certification LEED v4 pour la conception et la construction des aménagements intérieurs.

 

Une préoccupation patrimoniale

Toutefois, avant d’y arriver, les défis seront importants, surtout dans le pavillon Roger-Gaudry construit à la fin des années 1920. « À l’époque, les codes de construction étaient différents, tout comme les normes. Il faut adapter nos rénovations aux normes d’aujourd’hui pour s’assurer que tout est sécuritaire pour les usagers », explique Alain Boilard. D’ailleurs, les travaux seront l’occasion de traiter les matériaux contenant toujours de l’amiante, en conformité avec les bonnes pratiques.

 

Le projet présente des défis également sur le plan architectural. « Nous avons des contraintes avec la trame structurale, avec les fenêtres existantes, la forme de l’immeuble, la mise en conformité. Par exemple, nous ne pouvons pas démolir les colonnes dans les salles de classe, il faut travailler avec. De plus, nous avons dû déplacer certaines trames de corridors pour que notre programme s’intègre bien dans les espaces », indique l’architecte et gestionnaire de projets à l’Université de Montréal, Michelle Beausoleil. D’autre part, les gestionnaires de projet doivent veiller à préserver l’aspect patrimonial des pavillons. Entre autres, des éléments distinctifs de l’architecture de l’époque seront conservés. « Nous n’enlevons pas tout. Nous conservons une bonne quantité de choses qui vont rappeler le bâtiment d’autrefois. Certains murs vont rester en place », explique Alain Boilard.

 

Michelle Beausoleil, architecte et gestionnaire de projets à l’Université de Montréal. Crédit : Amélie Philibert, Université de Montréal

 

Peu de travaux seront effectués sur la façade extérieure et donc l’allure des pavillons restera la même en dehors des bâtiments. Toutefois, près de 1 200 fenêtres seront remplacées au pavillon Roger-Gaudry et une nouvelle porte extérieure sera installée. « Nous allons essayer de limiter les interventions extérieures. On va faire attention pour qu’il n’y ait rien de très visible. Les interventions sur Roger-Gaudry sont très surveillées », note Michelle Beausoleil. Le remplacement de ces fenêtres s’avère cependant essentiel pour assurer la réalisation d’économies d’énergie.

 

Un autre défi sera davantage logistique puisque, comme les activités d’enseignement et de recherche se poursuivent, les travailleurs de la construction devront limiter le bruit et les vibrations au strict minimum. De plus, il faudra installer les clôtures afin que les étudiants, enseignants et le personnel administratif puissent entrer dans le bâtiment sans passer par les zones de chantiers.

 

Première étape, la déconstruction

Le projet a été scindé en trois sous-projets distincts, soit le pavillon Roger-Gaudry secteur ouest, le pavillon Roger-Gaudry secteur est et le pavillon Marie-Victorin. Les travaux de déconstruction ont commencé en juin dans le secteur est et en septembre dans le secteur ouest alors que ces travaux se sont amorcés en octobre au pavillon Marie-Victorin. Comme il n’y a pas de démolition, les matériaux pourront être recyclés et réutilisés.

 

Après cette première étape, l’Université de Montréal ira en appel d’offres cet hiver pour trouver un gérant constructeur. « Ce projet comporte une part de risque. Donc nous voulions d’abord déconstruire pour voir si tout était conforme aux plans, que les devis soient bons. Ensuite, nous pourrons chercher un entrepreneur général », souligne Alain Boilard.

 

Selon lui, cet imposant réaménagement intérieur devrait se terminer au printemps 2026. D’ici là, le travail ne manquera pas dans ces deux pavillons universitaires.

 

UN PEU D’HISTOIRE

Conçu par l’architecte Ernest Cormier, le pavillon Roger-Gaudry a vu sa construction débuter en 1928 pour se terminer en 1943. Selon l’Université de Montréal, ce pavillon est reconnu comme le premier bâtiment moderne du Québec « en raison de l’utilisation du béton, de la verticalité des lignes de la façade et du dépouillement de l’ornementation ». Le bâtiment a été renommé en 2003 en l’honneur du premier recteur laïc de

l’établissement et qui a mené ce dernier sur la voie de la modernité.

De son côté, le pavillon Marie-Victorin, conçu par l’architecte Félix Racicot, a été construit en 1959. Avec l’ordonnance symétrique de ses fenêtres, son ornementation classique et sobre et ses longs couloirs, ce bâtiment est représentatif des édifices que l’on retrouve ailleurs au Québec.