Le modulaire préfabriqué en bois atteint six étages

12 mai 2017
Par Léa Méthé Myrand

La phase I du complexe résidentiel Loggia est constituée de 78 modules préfabriqués à structure de bois. L’immeuble de 66 logements s’élève sur six étages et a été assemblé en sept jours.

« Six étages, c’est une première canadienne, et vraisemblablement en Amérique du Nord, dit Éric Bonneville, coprésident des Industries Bonneville et partenaire du projet avec LSR GesDev et le fonds immobilier Ipso Facto. Bonneville a voulu être développeur du projet en entier pour démontrer où en est la construction modulaire et pour livrer un projet selon des standards qui sont les nôtres. »

 

Les promoteurs ont choisi le site vacant au 200, rue Saint-Georges, à Saint-Lambert, pour ériger un complexe résidentiel locatif haut de gamme. Le complexe de quatre phases, totalisant 241 appartements, s’adresse à une clientèle de baby-boomers. Les immeubles seront implantés autour d’une vaste cour intérieure aménagée et végétalisée, incluant un jardin communautaire à l’usage des occupants.

 

Un premier immeuble de 66 appartements sera disponible aux occupants dès le printemps 2017. Il présente une superficie de 8 175 mètres carrés incluant les espaces communs, dont un salon-bar, une salle d’exercice et une piscine. Plusieurs services sont offerts aux locataires, dont une conciergerie 24/7 et un lave-auto, de même qu’un rangement à vélo avec espace d’entretien et prêt d’outils.

 

Le cabinet d’architecte Blouin Tardif signe le concept architectural. L’objectif est d’offrir un confort comparable à celui de la maison unifamiliale dans une formule locative. « Pour faire vivre “l’expérience maison” dans un immeuble d’appartements, nos concepteurs ont misé sur le confort et l’intimité, explique Éric Bonneville. L’occupant passe d’un corridor public à la zone privée par un sas d’entrée qui sert de zone tampon afin de couper les bruits et les odeurs de cuisine. »

 

L’isolation acoustique est également centrée sur la notion d’intimité et c’est à ce chapitre que la construction modulaire prend tout son sens. En effet, les unités sont structuralement indépendantes les unes des autres et chacune dispose de murs, planchers et plafonds isolés. L’ensemble est solidaire grâce à un système d’attaches sismiques, mais seuls les murs latéraux des modules ont une continuité verticale.

 

D’une largeur de 4,9 mètres sur 21,3 mètres de long, un module fait toute la profondeur de l’immeuble et un percement aménagé au centre constitue le corridor. Deux modules côte à côte sont nécessaires pour aménager deux logements de quatre pièces et demi de part et d’autre du corridor. Des ouvertures sont pratiquées dans les murs mitoyens pour relier deux modules.

 

Projet Loggia Saint-Lambert - Photo de Blouin Tardif

 

Pour les promoteurs, la préfabrication réalisée en simultané avec les travaux sur le site présente des avantages. La construction est concentrée sur une période de temps plus courte, elle occasionne donc moins de coûts accessoires et permet une mise en marché et un rendement de l’investissement plus rapides. De plus, puisque la séquence d’intervention des corps de métiers sur le chantier est remplacée par des procédés standardisés, les erreurs et imprévus surviennent moins souvent. Sur le projet Loggia, l’entrepreneur général Gestion Rodier a supervisé la progression des travaux.

 

Sur le plan du développement durable, la construction modulaire se distingue par son efficacité énergétique. Éric Bonneville se targue de produire des habitations 1,5 fois plus étanches que la norme Novoclimat et souligne au passage que jamais le chantier ne doit être chauffé. Au chapitre des matériaux, on occasionne de 20 % à 30 % moins de pertes que sur le site et un meilleur taux de récupération de celles-ci. Enfin, la livraison des modules finis est beaucoup plus efficace sur le plan du transport que l’acheminement de la matière première.

 

« On pensait faire un projet pour la démonstration et s’arrêter là, mais on se prend au jeu et on aime ça. Il y a des chances qu’on soit promoteur à l’avenir », dit Éric Bonneville qui voit un potentiel énorme dans la construction de bâtiment de moyenne hauteur au Québec.

 

Considérant la raréfaction des terrains et les préférences des baby-boomers, il prévoit que la portion de son chiffre d’affaires réalisé dans le segment multilogement passera de 30 à 50% en quelques années. « La construction de copropriétés, hôtels, résidences étudiantes et logements destinés aux personnes âgées se prête bien à la construction modulaire, ajoute-t-il. Puis quand les normes vont changer aux États-Unis, on va être le premier joueur prêt. »

 

Cet article est paru dans l’édition du vendredi 28 avril 2017 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.