À Gatineau, le second centre de préservation de Bibliothèque et Archives Canada (BAC) limitera au minimum les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Le projet, réalisé en partenariat public-privé pour le cout de 330 millions de dollars, deviendra en effet le premier bâtiment « carbone net zéro » destiné à l’entreposage des archives en Amérique et le premier édifice fédéral conçu selon les exigences de la Stratégie canadienne pour un gouvernement vert. Sa construction débutera en septembre pour prendre fin en mai 2022.
Comme l’explique Nathalie Éthier, directrice de projet pour BAC, le nouveau bâtiment, qui sera construit tout juste derrière le centre de préservation actuel, auquel il sera relié par une passerelle couverte, doit combler des besoins d’entreposage à très court terme. « En 2011, une analyse de besoins a montré qu’entre 2020 et 2023 nous allions manquer d’espace et qu’une nouvelle construction était nécessaire, dit-elle. On a ensuite regardé diverses options d’approvisionnement et le partenariat public-privé s’est avéré la solution optimale, notamment au chapitre du transfert de risque. »
Elle précise que c’est la proposition du consortium Les Propriétés Plenary Gatineau (PPG) qui a été retenue aux fins de ce partenariat public-privé. En plus de maximiser l’espace d’entreposage du centre de préservation actuel, notamment en combinant des voutes et en optimisant le rayonnage, PPG sera responsable de concevoir, de construire et de financer ce nouveau bâtiment à la fine pointe de la technologie.
D’une superficie de 12 900 mètres carrés (m2), celui-ci s’élèvera sur deux niveaux hors sol. « Comme la nappe phréatique est très haute dans le secteur, le bâtiment n’aura pas de sous-sol, indique Paul Marion, gestionnaire de projet principal pour PCL Constructors Canada. Le but, c’est de protéger les collections de l’humidité et d’éventuelles inondations. Les bureaux et espaces publics seront donc aménagés au rez-de-chaussée et les voutes au deuxième niveau. »
Dans la même optique, la toiture et l’enveloppe offriront deux niveaux de protection. Les murs extérieurs des voutes d’entreposage seront ainsi constitués de parois de béton de deux pieds d’épaisseur recouvertes d’une membrane d’étanchéité. Une zone tampon sera en outre aménagée entre les voutes et l’enveloppe vitrée montée sur structure d’acier. Quant à la toiture, elle inclura un système de drainage efficace afin de canaliser les eaux de ruissellement et ainsi prévenir l’accumulation d’eau au-dessus des voutes.
Les six voutes ont d’ailleurs été pensées de façon à maximiser la durée de vie des collections. « On vise une durée de préservation de 500 ans, note Nathalie Éthier. Pour cela, on doit assurer un environnement stable, avec une tolérance minimale de 2 degrés Celsius. Cinq voutes seront donc maintenues à 10 degrés avec un taux d’humidité de 40 pour cent et une voute aura une température de 6 degrés et une humidité de 30 pour cent. » Ces spécifications seront atteintes grâce à des équipements mécaniques dédiés pour chaque voute.
Sur le plan architectural, le nouveau centre de préservation se distinguera par sa forme monumentale et ses murs de béton préfabriqué dont la texture rappellera la stratification du sol de la région. Le bâtiment mettra également en œuvre des matériaux qui ne dégagent aucune vapeur ni CO2 et dont la durabilité est d’au moins 100 ans. Enfin, sa conception et les mesures d’efficacité énergétique appliquées permettront de réduire au minimum les émissions de carbone. Il sera par ailleurs alimenté essentiellement à l’électricité.
Cet article est paru dans l’édition du 16 août 2019 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.