Attendue depuis 10 ans, la nouvelle Maison de Lauberivière a commencé à sortir de terre en mars dernier dans le quartier Saint-Roch à Québec.
Le projet de 32 millions de dollars vise à relocaliser les activités du centre d’hébergement et de réinsertion sociale, jusque-là confinées dans l’ancien hôtel Château Champlain, jadis un haut-lieu de la vie nocturne de la Basse-Ville. Le nouvel édifice de sept niveaux se distinguera notamment par un concept architectural illustrant la progression des usagers vers l’autonomie.
« Au départ, notre but était de rénover et de transformer le bâtiment qu’on occupe actuellement pour l’adapter à nos besoins, mentionne Georges Amyot, président du conseil d’administration de la Maison de Lauberivière. On a commandé une étude qui a montré qu’il était possible de le mettre aux normes, mais ça nous aurait couté plus ou moins 25 millions. Sans compter qu’on aurait été obligés de se relocaliser pendant deux ans et demi, trois ans. On a donc mis cette option de côté et on s’est concentrés sur le projet actuel. »
Le nouveau bâtiment de 10 000 mètres carrés s’élèvera sur un ilot bordé par les rues Fleurie, du Pont et Xi’an. Comme l’indique Anne Côté, du cabinet Lafond Côté Architectes, sa volumétrie sera parfaitement adaptée au site. « Les marges de recul sont nulles, ce qui fait que le bâtiment aura la forme du lot sur lequel il vient se poser », dit-elle. Elle mentionne en outre qu’il comptera plusieurs accès, notamment pour les services administratifs, la soupe populaire et l’hébergement. Il offrira 131 chambres et 18 logements sociaux, en plus de cellules de dégrisement, de locaux administratifs, d’un centre de jour et d’une salle à manger pouvant accueillir 175 personnes.
Ces différents services seront aménagés de bas en haut, marquant ainsi l’ascension sociale des bénéficiaires. Cette progression se reflètera également dans le design architectural de l’édifice, qui s’appuie d’abord sur un basilaire tout en transparence en tête d’ilot. Les espaces publics sont en effet conçus au moyen d’une façade de murs-rideaux laissant entrevoir l’animation des lieux, tandis que les espaces privés – chambres et bureaux – sont ponctués de fenêtres dimensionnées en fonction de leur usage. À mesure que le bâtiment s’élève, les fenêtres s’agrandissent.
Le bâtiment tout de béton sera aussi très performant sur le plan technique, en plus de faire la part belle à l’innovation. « Le concept s’appuie sur les normes PassivHaus et LEED, mais il ne sera pas certifié pour des raisons budgétaires, note Anne Côté. Le bâtiment sera aussi revêtu d’un parement léger en aluminium anodisé mis au point en collaboration avec l’aluminerie Alouette, avec qui on a conçu un profil et un mode d’attache sur mesure. La technique de pose traditionnelle à la canadienne donnera de la texture au revêtement. »
Elle ajoute que, tout comme les fenêtres, ces plaques d’aluminium verront leur format gagner en importance à mesure qu’elles s’éloigneront du sol, ajoutant ainsi du dynamisme à l’immeuble. Par ailleurs, des voiles d’aluminium perforé, dont le motif a été créé par un artiste québécois, seront posés çà et là devant les fenêtres. Ces panneaux serviront non seulement de pare-soleil, mais ils apporteront également de la dimension et du mouvement aux façades.
Anne Côté précise que, mis à part le revêtement d’aluminium, le projet ne comporte pas de défis particuliers en termes de conception. Il en va autrement pour ce qui est de sa mise en œuvre, alors que l’entrepreneur Construction Richard Arsenault devra composer avec l’exiguïté du site. Il s’affaire actuellement à élever des murs berlinois et à couler les fondations. Il doit livrer le bâtiment pour Noël 2020.