Tour Fresk : Géothermie et récupération d’énergie

Grâce à la géothermie et à un système de récupération d’énergie, le bâtiment pourrait consommer jusqu’à 20 % moins d’énergie qu’une bâtisse conventionnelle de même volume.

Si les deux premiers niveaux, occupés par des espaces commerciaux, seront revêtus de pierre et de panneaux de ciment composite, des murs-rideaux préfabriqués couvriront les 169 logements locatifs meublant les étages supérieurs.

Souvent plus utilisée pour les immeubles de bureaux, cette technologie gagne en popularité auprès des promoteurs résidentiels. Assemblés en usine, les cadres en aluminium et les fenêtres forment des modules joints ensuite sur le chantier par l’entrepreneur, Garoy Construction. Si elle offre une importante rapidité d’exécution, cette méthode et la fenestration généreuse qu’elle permet posent cependant des défis.

« Au Québec, au chapitre de la performance énergétique, il y a des avantages et des inconvénients à être autant vitré, explique l’architecte Pierre-Olivier Bouchard, de la firme LEMAYMICHAUD. Une grande paroi fenestrée au nord va probablement engendrer plus de problèmes que d’avantages au niveau du gain de chaleur. »

Afin d’y remédier, la firme a privilégié des verres munis de pellicules Low-E Argon, pour conserver la chaleur et ne pas la redistribuer. De plus, les systèmes mécaniques et électriques, conçus par Génécor Experts-Conseils, mettront à profit différents procédés pour améliorer la performance énergétique du bâtiment.

Sous ses trois étages de stationnement souterrain, l’immeuble de béton sera doté de 10 puits de géothermie fonctionnant à l’eau. Ceux-ci amèneront de la chaleur ou de la fraîcheur à un refroidisseur liquide, d’où deux tuyaux chauds et deux tuyaux froids partiront pour se promener dans la bâtisse.

« Du côté froid, il vient faire la climatisation et du côté chaud, le chauffage, explique l’ingénieur Roberto Devost. On a deux lignes alimentation/retour qui montent de chaque côté. On les relie ensemble par une valve six voies. À partir de cette valve, on vient chercher soit du chaud ou du froid dans le réseau et alimenter un ventilo-convecteur par logement. »

Le système géothermique permettra de chauffer le bâtiment jusqu’à une température extérieure de -13 degrés Celsius, mais il comporte aussi des limites. Si le mercure descend plus bas durant l’hiver, une chaudière au gaz naturel prendra donc le relais. De même, son apport à la climatisation ne sera que marginal. Un refroidisseur électrique à sec, situé au toit, sera chargé de la tâche.

Chaque logement sera chauffé et climatisé à l’aide d’un ventilo-convecteur récupérateur de chaleur. Le bâtiment pourra utiliser l’énergie produite par un secteur pour en tempérer un autre, explique l’ingénieur : « Si dans la bâtisse, selon l’orientation du soleil, les besoins d’un côté sont en mode climatisation et de l’autre en chauffage, lorsque l’on va faire de la climatisation, on va rejeter de la chaleur. On va donc l’utiliser pour chauffer les autres locaux. »

Ce système mécanique où les mêmes appareils assurent le chauffage et la climatisation permet au promoteur d’obtenir une tarification très intéressante auprès d’Hydro-Québec. En effet, si le tarif DT, appliqué aux immeubles résidentiels utilisant la biénergie, est d’ordinaire uniquement offert pour le chauffage et la production d’eau chaude, la Tour Fresk pourra en profiter également pendant presque toute l’année.

Si aucune certification n’est visée pour sa construction, le bâtiment représente un signal de changement pour le quartier Saint-Roch, avance Pierre-Olivier Bouchard : « Le bâtiment de la Tour Fresk est un clin d’œil au futur écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, mais il s’intègre aussi dans une vaste opération de restructuration du secteur. »

Cet article est paru dans l’édition du jeudi 3 décembre 2015 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !