À l’heure où l’industrie forestière connaît toutes sortes de difficultés, notamment avec la baisse des commandes provenant des pâtes et papiers, les scieries indépendantes peinent à écouler les résidus de sciage de bois.
C’est pour aider à pallier cette situation problématique que Pekuakamiulnuatsh Takuhikan (le Conseil de bande de Mashteuiatsh) a lancé en 2012, de concert avec la MRC Domaine-du-Roy par l’intermédiaire de la FFPNQ (Filière forestière des Premières Nations du Québec), un projet de nouveau centre de recherche sur la biomasse forestière.
« Le modèle d’affaires consistait à s’assurer de régler une situation problématique dans le milieu des scieries indépendantes, qui n’arrivaient pas à écouler les sous-produits du sciage. Nous avions l’approvisionnement, il restait à trouver une utilisation correspondante, explique Serge Simard, directeur de l’économie, de l’emploi et des partenariats stratégiques à Pekuakamiulnuatsh Takuhikan. Une des premières applications désirées concernait les amendements de sol dans les domaines horticole et agricole. »
« Ils ont fait faire des études pour en arriver à un choix de vitrine technologique, parce qu’avant d’implanter une usine, il faut créer un marché, et nous en sommes encore à la phase de développement des connaissances. C’est pour cette raison qu’Agrinova a pris le pôle en fonction de cette première filière de programmation de recherche », explique Patrick Girard, directeur général de ce centre de transfert de technologie en agriculture du Collège d’Alma.
Au début de l’année 2016, le projet Bio-Char Borealis avait établi son plan d’affaires et allait de l’avant. La première année s’est concentrée sur la recherche de financement. « Au total, le projet représente un investissement de plus de 11 millions dollars, soit 7,8 pour l’acquisition et l’installation de la technologie et 3,6 pour le bâtiment de 11 000 pieds carrés, propriété de Mashteuiatsh, qui sera situé dans le quartier industriel de la communauté innue », spécifie Serge Simard.
Dans les premières semaines de septembre les travaux se sont amorcés et ceux-ci devraient prendre fi n dans les délais prescrits. « On pense terminer le tout au milieu du mois d’avril, comme prévu, dans les limites du budget prescrit de surcroît », explique monsieur Simard. La technologie sera importée à partir de là et la mise en marche de l’usine est prévue autour du mois d’août ou au début de l’automne.
Le bâtiment est standard. Sur une dalle de béton, une structure d’acier d’environ 25 pieds a été érigée. Le revêtement extérieur est majoritairement composé de tôle ondulée et un parement de bois en façade vient servir de rappel de l’activité principale de la vitrine technologique.
Sur le côté, le bâtiment comporte une section réservée à l’arrivée de la matière première et à son conditionnement. « C’est là que transiteront les résidus de bois composés de conifères, soit le sapin, l’épinette, le pin ou le mélèze, et de feuillus, majoritairement des essences de bouleau et de tremble, mais dans une moindre mesure. »
Le conditionnement consiste à abaisser le taux d’humidité par le biais d’une source de chaleur en vue de préparer la matière à la pyrolyse. « Selon la température, cette opération permet de décliner l’extrant en trois possibilités : le biocharbon, qui est solide, la biohuile, qui est liquide, et le syngaz. » Cette vitrine technologique créera une dizaine d’emplois directs une fois en marche.
Cet article est paru dans l’édition du vendredi le 30 mars 2018 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.