Présente sur tous les fronts depuis 75 ans, l’ACRGTQ n’entend pas baisser les bras devant les grands défis qui se dessinent.
Les années passent mais ne se ressemblent pas. Alors que l’on fondait la Quebec Road Builders Association en janvier 1944 dans le but de relancer l’emploi au terme du conflit qui a ravagé l’Europe, celle que l’on connait aujourd’hui sous le nom d’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec se voit désormais confrontée à de nouveaux enjeux. À l’ordre du jour, celui de la rareté de la main-d’oeuvre, à laquelle l’Association s’est attaquée en lançant une campagne de valorisation auprès des jeunes. Ou celui de l’innovation, alors que l’intelligence artificielle débarque au chantier. Pour aider ses membres à franchir ce cap difficile, l’Association songe à divers moyens, comme des ateliers ou des webinaires.
Autre sujet d’inquiétude : la mondialisation, révélée par la présence de plus en plus marquée de sociétés internationales dans les grands projets d’infrastructure. « On ne peut pas empêcher cela, relève Gisèle Bourque, directrice générale de l’ACRGTQ. Mais il faut que nos membres fassent partie de l’équation, pour qu’ils ne perdent pas leur expertise. Le gouvernement nous a entendus et a accepté de morceler les gros contrats en plusieurs lots pour que nos membres y participent à titre de sous-traitants. »
Le mode d’octroi des contrats est également dans la mire de Gisèle Bourque, qui estime qu’il devrait être en relation avec l’envergure du projet. Si la règle du plus bas soumissionnaire convient aux projets de faible envergure, pour les projets de grande importance, d’autres modes d’attribution, comme le mode conception-construction, les partenariats public-privé et les contrats de performance, mériteraient d’être envisagés.
Au coeur des débats
De toute évidence, la tâche est colossale pour l’ACRGTQ si elle veut parvenir à répondre aux inquiétudes de ses membres et, ultimement, apporter les correctifs nécessaires. Heureusement, forte de ses expériences passées, elle peut continuer de faire entendre sa voix, comme elle l’a fait lors de moments charnières qui ont marqué l’industrie.
« Depuis le début, l’ACRGTQ et le secteur du génie civil et de la voirie sont au coeur des débats qui ont façonné le Québec moderne, rappelle sa directrice générale Gisèle Bourque. À mesure que le membership a crû, le poids de l’Association a augmenté au sein de l’industrie, qui se retrouve bientôt à l’avant-scène et multiplie les représentations auprès des instances gouvernementales. »
En 1974, lorsque la Commission d’enquête sur l’exercice de la liberté syndicale dans l’industrie de la construction, mieux connue sous le nom de commission Cliche, dévoile les problèmes qui ternissent les relations patronales syndicales, l’ACRGTQ exige la création d’un ministère de la Construction. C’est plutôt l’Association des entrepreneurs en construction du Québec (AECQ) qui sera créée.
« L’idée, c’était de mieux encadrer les relations de travail dans l’industrie, explique Gisèle Bourque. L’AECQ négociera avec les associations syndicales jusqu’en 1995, lorsque le gouvernement du Québec confiera à l’ACRGTQ le mandat de la négociation, de l’application et du suivi de la convention collective du secteur. »
L’ACRGTQ participe aussi activement aux travaux de la commission Johnson, mandatée pour faire la lumière sur l’effondrement du viaduc de la Concorde en 2006. « On a adressé des recommandations au ministre des Transports de l’époque, Guy Chevrette, relate celle qui dirige l’ACRGTQ depuis 2001. Ç’a eu l’impact recherché : le MTQ a mis en place tout un programme d’entretien de ses infrastructures routières. »
À la commission Charbonneau, l’Association dépose un mémoire. « L’industrie a souffert, poursuit-elle. Les relations avec les donneurs d’ouvrages se sont dégradées, les contrats se sont raréfiés. On a donc décidé d’imposer un code d’éthique à nos membres. Dans notre mémoire, il y avait entre autres des recommandations quant aux retards de paiement. Le gouvernement y a répondu par un projet pilote qui a été accueilli très positivement. »
S’adapter pour survivre
Il en aura coulé de l’eau sous les ponts ou, plutôt, il s’en sera construit des ponts et des grands ouvrages au cours des 75 ans d’existence de l’ACRGTQ. Des ouvrages qui ont non seulement contribué à la renommée de leurs artisans, mais aussi au rayonnement du Québec. Il suffit de penser à la première ligne de transport à 735 kV, à Expo 67 ou au développement hydroélectrique de la baie James pour en prendre la pleine mesure.
À l’image de ces projets, qui ne cessent année après année de nous impressionner par leur envergure et leur complexité, le secteur du génie civil et de la voirie devra se moderniser pour continuer à évoluer et demeurer compétitif.
« Il faut s’en aller vers l’innovation et les nouvelles technologies, insiste Gisèle Bourque. Certains donneurs d’ouvrages publics et privés le prévoient déjà dans leurs appels d’offres. De notre côté, on sensibilise le MTQ à ce sujet. C’est vrai qu’il y a un cout à cela, et il faut que ce soit justifié. Mais on n’a pas le choix de prendre ce virage pour rester dans la course. »
Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2019. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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