Multiplier les acquisitions s’avère une voie efficace pour pénétrer de nouveaux marchés et cheminer vers la croissance. C’est d’ailleurs celle que privilégie Pomerleau.
L’acquisition de firmes concurrentes ou complémentaires constitue sans contredit un puissant levier de croissance pour conserver ses marchés existants et en développer de nouveaux. C’est aussi une stratégie judicieuse pour l’entreprise qui souhaite acquérir de nouvelles compétences et, à plus forte raison, se positionner comme chef de file dans son secteur d’activité, tant par sa taille que son volume d’affaires.
Cette voie, c’est justement celle empruntée par Pomerleau depuis 2012 pour poursuivre sa croissance et confirmer son leadership dans les secteurs du bâtiment, des infrastructures et du génie civil. Au cours des cinq dernières années, l’entreprise aujourd’hui pancanadienne a conclu pas moins de six acquisitions d’entreprises, étendant ainsi au passage son expertise et sa couverture géographique.
Il y a eu d’abord Neilson, dont le savoir faire dans le secteur du génie civil a permis à Pomerleau d’acquérir des compétences dans la construction de tunnels, de barrages et de pipelines. Au moment de la transaction, Neilson réalisait notamment les chantiers de la Romaine, en Basse-Côte-Nord, et du pipeline d’Ultramar, entre Lévis et Montréal. En 2013, c’est au tour de Santerre d’entrer dans le giron de Pomerleau et, avec elle, ses compétences en travaux électriques et de haute tension.
C’est également en 2013 que les ressources humaines d’Eagle West, une entreprise de Colombie-Britannique qui se spécialise dans l’éolien, intègrent ses rangs. Puis, après une pause de deux ans, de nouvelles acquisitions viennent enrichir son portefeuille et étendre son rayonnement. À commencer par celle de la division Bâtiment d’Aecon à Halifax, ensuite celle de Verreault, qui s’affaire alors à l’agrandissement de l’aéroport de Québec et possède une expertise avérée dans le secteur pharmaceutique.
Ce cycle de croissance externe s’est par ailleurs soldé, plus tôt en juin dernier, par l’acquisition de Giffels Wespro, qui marque une étape importante dans les ambitions d’expansion de Pomerleau. Filiale construction du groupe d’ingénierie Ingenium de Toronto, Giffels Wespro est en effet présente à Vancouver, Calgary, Toronto et Ottawa.
Une vision gagnante
« C’est autour de 2010 qu’on a pris la décision de devenir une entreprise pancanadienne et de s’implanter dans toutes les régions du Canada, signale le président de Pomerleau, Pierre Pomerleau. À chaque nouvelle transaction, on gagne des compétences, de l’expérience et de la main-d’oeuvre. Bref, on a accès à de nouvelles ressources, à des talents nouveaux pour exécuter une plus grande variété de projets.
« Il y a toujours moyen de faire des projets en aller-retour, c’est sûr, mais on préfère s’implanter dans la communauté en intégrant les effectifs en place, poursuit-il. Cette stratégie de diversification a d’ailleurs permis de mieux équilibrer nos forces. Aujourd’hui, on tire environ 70 % de nos revenus du bâtiment et 30 % du génie civil et de l’éolien. Et on est très à l’aise avec ça. »
La recette semble d’ailleurs très bien fonctionner. En 2015, Pomerleau déclarait des revenus de 1,65 milliard de dollars, soit environ 650 millions de plus qu’en 2011. Un volume d’activité qui s’est aussi traduit par la présence de 2 148 salariés sur ses chantiers québécois, pour un total de 1,3 million d’heures travaillées l’an dernier. Et pour 2016, Pierre Pomerleau entrevoit un chiffre d’affaires légèrement supérieur à 1,7 milliard.
« Notre dynamisme nous permet d’attirer et de retenir les employés les plus prometteurs et, par ricochet, de développer de nouvelles expertises, note le dirigeant. Comme en construction durable, par exemple, où la demande venait surtout de la jeune génération. Au début, ça demandait un certain effort pour aller chercher une certification LEED, mais aujourd’hui, presque tous les projets demandent la certification ou exigent que les principes de développement durable soient appliqués.
« D’ailleurs, c’est tellement ancré dans l’ADN des entreprises que ce n’est même plus une préoccupation, assure-t-il. C’est un peu comme la norme ISO. Il y a 20 ans, ça représentait une révolution, aujourd’hui ça fait partie de la gestion quotidienne des entreprises. Le marché est mûr et je crois que le temps est venu, pour le Conseil du bâtiment durable, de repousser les limites du système. »
À l’avant-garde
Si son expertise en bâtiment durable lui est moins utile pour se différencier de ses compétiteurs, Pomerleau compte sur d’autres atouts pour rester à l’avant-garde de l’industrie. Comme les nouvelles technologies, qui s’invitent de plus en plus souvent au chantier. Une révolution à laquelle Pomerleau se prépare d’ailleurs en finançant la Chaire de recherche industrielle sur l’intégration des pratiques et technologies en construction.
Créée en collaboration avec l’ÉTS (École de technologie supérieure), cette chaire comporte trois axes de recherche, soit le BIM (Building Information Modeling, une maquette numérique en trois dimensions), la conception intégrée (CI) et la construction LEAN (une approche calquée sur les méthodes de gestion de Toyota). Alors que des milliards de dollars sont investis en construction chaque année au Québec, la démocratisation de ces technologies pourrait se traduire par des économies substantielles au fil des ans.
« Ces technologies sont en train de révolutionner les façons de faire, indique Pierre Pomerleau. Le BIM, qui est maintenant utilisé sur plus de 80 % des chantiers de l’entreprise, améliore entre autres la communication à toutes les étapes d’un projet et permet de résoudre les conflits d’architecture avant même qu’ils n’apparaissent. De son côté, le LEAN permet d’atteindre un niveau de détail beaucoup plus précis dans les échéanciers. Et avec SmartUse, on a éliminé le papier de nos chantiers.
« Et ce n’est pas seulement pour Pomerleau et les autres grandes compagnies, prévient-il. Les technologies ont aussi beaucoup d’impacts sur la préfabrication, sur l’efficacité au travail, sur le contrôle des coûts et des échéanciers. Elles limitent le risque et les reprises. Chaque bâtiment est un prototype, mais comme industrie, on se doit d’atteindre le même niveau de standardisation que le secteur manufacturier. Parce que, de plus en plus, l’optimisation des chantiers va passer par l’accès aux données. »
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction 2016. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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