Laisser sa marque sur deux ponts new-yorkais

Mai 2014. Canam-ponts décroche le mandat de livrer les composantes métalliques de la travée principale du nouveau New NY Bridge qui remplacera le Tappan Zee Bridge enjambant la rivière Hudson, à New York. Cinq mois plus tard, le fournisseur québécois rafle un autre contrat de même nature, cette fois dans la foulée de la construction du nouveau Goethals Bridge, un ouvrage qui reliera Staten Island, dans l’État de New York, à Elizabeth, au New Jersey.

Le premier de ces contrats lui est confié par Tappan Zee Constructors, une coentreprise réunissant Fluor, American Bridge Company, Granite Construction Northeast et Traylor Bros. Il porte sur la fabrication de la travée principale – 680 mètres de long – de la structure à haubans du Tappan Zee, soit celle qui surmontera la voie navigable. Une opération qui se traduira par la livraison de 10 500 tonnes de composantes d’acier, dont la plus longue poutre s’étendra sur 23,7 mètres et la plus lourde pèsera 54 tonnes.

Mis de l’avant par la New York State Thruway Authority, le remplacement du Tappan Zee Bridge constitue le plus important projet d’infrastructure routière réalisé en mode conception-construction aux États-Unis. La construction de l’ouvrage de cinq kilomètres de long doit être complétée en 2018, après quoi le pont Cantilever en place depuis la première moitié des années 50 sera démantelé.

Le contrat du pont Goethals, lui, est attribué à la division de Groupe Canam par la coentreprise Kiewit-Weeks-Massman. Il inclut la fabrication de la structure d’acier pour la travée principale, les travées arrière et les travées antivibration (8 500 tonnes) de la partie haubanée, de même que 72 boîtes d’ancrage à haubans qui seront insérées dans la partie supérieure des tours. La poutre la plus longue s’étendra sur 30 mètres, tandis que la plus lourde fera 38 tonnes. Propriété de la Port Authority of New York & New Jersey, cette structure routière s’étirera sur 2 165 mètres au-dessus du détroit Arthur Kill. Son ouverture est prévue pour 2017 et sera également suivie du démantèlement du pont existant, construit voilà de cela près de 90 ans.

Sitôt obtenus ces contrats figurant parmi les plus importants de son histoire, Canam-ponts s’attèle à la tâche sans tarder dans un cas comme dans l’autre. D’abord en enclenchant le processus menant à l’acquisition de la matière première à transformer, puis la réalisation des dessins d’ateliers. Autant d’étapes préalables au lancement des activités de fabrication qui sont aujourd’hui bien enclenchées.

« Nous allons commencer la livraison d’ici le début de l’automne prochain, tant sur le chantier du Tappan Zee que sur celui du Goethals. Elle se poursuivra jusqu’à l’automne 2016, l’assemblage des structures devant se terminer vers la fin de cette même année dans les deux cas », indique Dominique Blouin, directeur, ventes et construction chez Canam-ponts.

Contribution québécoise

La fabrication des composantes pour les deux ponts relève des usines de Canam situées à Point of Rocks, dans le Maryland, et à Claremont, au New Hampshire. Mais l’exécution des contrats met également à profit le savoir-faire de ressources au sein des équipes d’estimation, de dessin, d’ingénierie et de planification du travail basées à Québec.

Canam-ponts travaille aussi en étroite collaboration avec les concepteurs des projets. « Nous échangeons des idées pour l’optimisation de la conception, précise Dominique Blouin. Nous détenons une expertise sur le plan de la fabrication des composantes qui nous permet de proposer des détails d’assemblages et de conception à valeur ajoutée pour la structure, par exemple. »

Le directeur des ventes et de la construction note que Canam-ponts a déjà été appelée à participer à la réalisation de ponts à haubans, par exemple celui de l’autoroute 25 entre Montréal et Laval, le pont Pitt River en Colombie-Britannique et le pont Deh Cho, dans les Territoires du Nord-Ouest. Mais il reste que ces projets nécessitent une attention toute particulière. Parce que ce type d’ouvrage se révèle toujours un peu plus complexe qu’une structure conventionnelle en raison de la grande précision que requièrent les assemblages.

« Il faut nécessairement pouvoir fabriquer les composantes selon les tolérances requises, de sorte que la géométrie globale du pont soit respectée. Dans le cas du Tappan Zee et du Goethals, le coefficient de difficulté est accru parce que les systèmes de tablier sont un peu plus complexes à mettre en oeuvre. Par exemple, plusieurs composantes structurales additionnelles sont ajoutées aux tabliers afin d’assurer une redondance entre chacun des éléments, c’est-à-dire une redistribution des efforts vers d’autres éléments en cas d’affaissement ou de rupture. »

Dominique Blouin souligne par ailleurs que l’une des particularités des mandats new-yorkais réside dans la fabrication et la fourniture de composantes métallisées. Il explique : « Dans le cadre de ces projets, ce sont des aciers patinables qui sont demandés. Mais il n’est toutefois pas possible de livrer les consoles d’attaches pour les câbles avec ce type d’acier offrant une plus grande résistance à la corrosion.

« Dans le cas du pont Goethals, ajoute-t-il, toutes les consoles d’attaches sont métallisées, un procédé qui consiste à pulvériser du zinc projeté sur une surface en acier qui permet, grâce à la liaison galvanique entre le zinc et l’acier, de procurer une protection à long terme contre la corrosion. »

Parallèlement aux projets de New York, Canam-ponts fabrique les composantes d'acier du pont de la rivière Nipigon à Thunder Bay, le premier pont haubané de la province de l'Ontario.

Cet article est tiré du Supplément thématique – Infrastructures et grands travaux 2015. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !