À la pêche aux travailleurs de la construction

29 janvier 2014
Par Dominique Lemoine

Dans un contexte de croissance des besoins de main-d'œuvre, travailler sur l'intégration et la rétention des femmes, des immigrants et des autochtones, sur le recrutement de travailleurs provenant de secteurs concurrents en difficultés, sur la mise sur pied d'événements de sensibilisation aux métiers et à leurs défis, ainsi que sur des programmes incitatifs à la formation seront envisagés comme pistes de solution.

 

Construction : main-d'œuvre demandée

Les besoins seront de 14 000 nouveaux par an pour les quatre prochaines années, incluant les retraites, selon Patricia Carvajal, économiste à la Commission de la construction du Québec (CCQ). Pour y arriver, la CCQ prévoit utiliser plus de mesures d'attrait et maintien des femmes, immigrants et autochtones. Selon le document 2020, vous dites ? préparé en 2011 par Louis Delagrave, directeur de la recherche à la Direction recherche et organisation de la CCQ, le nombre de nouveaux était en 2009 de 11 488 et sera en 2020 de 8 377.

 

Place aux femmes et aux immigrants

« Seulement 7 % des 25 000 employeurs de la construction embauchent des femmes. Ce n'est pas suffisant. Pour maintenir sa croissance actuelle, notre industrie devra faire appel à de nouvelles clientèles pour recruter la main-d'œuvre dont elle aura besoin. Sinon, elle fera face à une pénurie de travailleurs à moyen terme », a dit Diane Lemieux, présidente-directrice générale de la CCQ.

 

Le 17 octobre 2012, la CCQ lançait un plan de relance du Programme d'accès à l'égalité des femmes dans l'industrie de la construction (PAEF). Un nouveau programme devrait en ressortir au printemps.

 

Le rapport de Louis Delagrave soulignait qu'il y a deux fois moins d'immigrants dans la construction que dans les autres secteurs et que moins de 2 % des immigrants récents se sont dirigés vers le secteur. La rencontre Horizon 2020 réunissait, en février 2011, les gens de l'industrie pour trouver des solutions pour les 10 prochaines années. À cette occasion, Louis Delagrave a dit que l'industrie devrait davantage ouvrir ses portes aux immigrants. D'où la question : pourquoi pas des cours de français ?

 

Recrutement auprès d'autres industries

L'industrie prévoit aussi attirer la main-d'œuvre d'industries concurrentes dans le recrutement dont le nombre d'emplois baisse à cause de la conjoncture économique, de la délocalisation ou de la fermeture de projets. Il s'agirait surtout des secteurs forestier, minier et manufacturier. « L'emploi baisse dans le manufacturier, des travailleurs vont donc se diriger vers les chantiers », ajoute Patricia Carvajal.

 

Mais selon le rapport de Louis Delagrave, à cause du déclin démographique, il y aura de 25 000 jeunes de moins en 3e secondaire d'ici 2015. Il y aura donc moins de jeunes sur les bancs d'école jusqu'au DEP et toutes les industries s'arracheront la jeune main-d'œuvre diplômée, précisait-il lors d'Horizon 2020.

 

Selon Patricia Carvajal, le bassin des travailleurs de 25-26 ans est le plus prisé par toutes les industries. Il se fera donc aussi, à son avis, une concurrence sur la qualité des emplois offerts à la sortie des écoles.

 

Stimuler la fierté d'exercer un métier à soi

Selon Mario Rochon, directeur adjoint de l'École des métiers de la construction de Montréal, il faut aider les jeunes à acquérir l'intérêt pour un métier et la fierté de l'exercer. « Je ne suis plus sûr que les gens ont le sentiment d'appartenance à leur métier. Ils préfèrent des emplois plus ou également payants, mais moins difficiles, dit-il.

 

« On leur dit c'est quoi le métier et pourquoi le faire, qu'ils ne vont pas faire un boulot parmi d'autres, mais qu'ils vont exercer leur propre métier. Moi par exemple mon métier c'est plâtrier, peu importe ce que je fais. C'est important et ils le comprennent, mais le ressentent-ils, ça c'est une autre affaire... Les professeurs leur en parlent toute la journée », soutient M. Rochon.

 

Mousser les métiers de l'industrie

Pour présenter des métiers méconnus, des visites de l'école sont prévues chaque semaine. Tous les ans l'EMCM participe à des salons carrières et emplois, organise des journées portes ouvertes, et visite des centres locaux d'emploi et des écoles secondaires pour donner des conférences. Dans le même esprit, l'événement Bâtisseur d'un jour permet à des jeunes d'apprendre et d'essayer des aspects des métiers de la construction.

 

Parmi les programmes incitatifs à la formation, Mario Rochon mentionne qu'Emploi-Québec finance des formations sur la base d'une évaluation de la personnalité, des connaissances, des valeurs et des aptitudes des candidats, ainsi que des besoins de l'industrie. Il précise qu'une formation, par exemple, en électricité a peu de chances d'être financée, contrairement à un métier en pénurie. « Ils vont orienter vers des métiers plus en demande. C'est alléchant, car ça peut être des métiers quasi identiques », dit-il.

 

Que ce soit au moyen de rencontres, de discussions entre les différents acteurs de l'industrie de la construction, de passion transmise par des professeurs aux étudiants ou d'événements faisant la promotion des métiers de l'industrie, il semble que tous mettent la main à la pâte pour assurer une relève de qualité en construction.

 

Des liens pour aller plus loin…

Afin de compléter l'information présentée dans cet article portant sur la relève, gestionnaires et entrepreneurs de l'industrie de la construction pourront consulter les liens suivants :

 

CFP pour Autochtones dans les métiers de la construction

Description de programmes et des processus d'admission, ainsi que des services aux étudiants autochtones qui étudient dans une formation professionnelle liée à l'industrie de la construction. Contient des témoignages.

 

Les Elles de la construction

Pour briser l'isolement, un réseau de regroupement pour les femmes œuvrant de près ou de loin dans l'industrie de la construction. Cadre de rencontres, événements de réseautage et bottin des membres du réseau.

 

Bâtisseur d'un jour

Parc de construction interactif grandeur nature qui offre, chaque année, une occasion unique pour les jeunes et leurs parents, de même que pour tous ceux qui souhaitent découvrir les métiers et professions de l'industrie de la construction durant une fin de semaine. Ateliers des métiers, jeux en nacelle, accès à la machinerie utilisée en construction.