Les travailleurs formés à l'étranger à la rescousse de l'industrie

6 mai 2014

Par Alvine Agossou

Les travailleurs formés à l'étranger à la rescousse de l'industrie

L'industrie de la construction québécoise fait face à un vieillissement de ses travailleurs et le remplacement de ces derniers ne pourra se faire qu'avec de nouveaux diplômés. Le Conseil sectoriel de la construction prévoit, d'ici 2019, qu'un quart de la main-d'œuvre actuelle devra être remplacé en raison de départs à la retraite et que ces derniers ne pourront être remplacés que par la génération suivante.

Pour y pallier, un axe intéressant peut être exploité : recruter chez les travailleurs formés à l'étranger (TFE). Statistique Canada a démontré en 2011 que les immigrants représentaient 6 % de la main-d'œuvre de la construction, eux qui représentent 12 % de la population.

La population immigrante représente donc un vivier non négligeable pour les employeurs. Ceux-ci n'ont cependant pas souvent connaissance des possibilités que représentent les nouveaux arrivants et ignorent la marche à suivre pour en faire bénéficier leur stratégie de recrutement.

Les travailleurs ciblés

Résidents permanents

Les résidents permanents sont des TFE qui ont été formés à l'étranger et qui ont les compétences pour un emploi en construction. Ils sont établis au Canada et possèdent les mêmes droits que les citoyens canadiens, c’est-à-dire qu'ils n'ont pas besoin de permis de travail pour exercer.

Le système canadien d'immigration est très rigoureux sur les compétences professionnelles et sur l'enseignement supérieur dans le processus de sélection. Les travailleurs qualifiés doivent posséder les connaissances et les compétences pour travailler dans la construction.

Ils sont sélectionnés à l'immigration via le programme des travailleurs qualifiés. Ce programme privilégie une liste de profession dont celles de la construction sont :

entrepreneurs et contremaîtres en charpenterie
entrepreneurs et contremaîtres en mécanique
électriciens
plombiers
soudeurs et opérateurs de machines à souder et à braser
mécaniciens d'équipements lourds
grutiers
foreurs et dynamiteurs de mines à ciel ouvert, de carrières et de chantiers de construction
surveillants du forage et des services reliés à l'extraction du pétrole et de gaz.

Pour chacun de ces métiers, 1 000 places sont réservées chaque année au niveau fédéral, du fait qu'ils sont considérés comme des métiers à pénurie.

Résidents temporaires

Les résidents temporaires sont détenteurs de visas de court séjour. Ce sont donc soit des travailleurs qui ont été amenés au canada par des employeurs pour répondre à un besoin précis limité dans le temps, soit des étudiants étrangers qui suivent des cours dans les collèges et universités.

Les travailleurs temporaires ont généralement immigré via le programme concernant les travailleurs temporaires. Ce programme est le plus utilisé car il permet aux employeurs de recruter sur de courtes durées. Les étudiants étrangers peuvent aussi représenter une main-d'œuvre apte en tant qu'apprentis grâce au programme de permis de travail hors campus ou au programme de travail post-diplôme, destiné aux jeunes diplômés désireux de devenir compagnons.

Dans tous les cas, les résidents temporaires doivent d'abord obtenir un permis de travail. Un programme existe pour permettre aux travailleurs temporaires d'acquérir la résidence permanente et ainsi ne plus nécessiter un permis de travail : le programme de l'expérience canadienne.

Besoin particulier

Outre ces deux profils, qui englobent des travailleurs étrangers déjà résidents, les employeurs ont aussi la possibilité de faire venir directement, pour un besoin particulier, des travailleurs formés à l'étranger.

Pour les métiers dont la reconnaissance professionnelle est obligatoire, il est nécessaire de faire appel à la direction de l'apprentissage local du métier en question. L'employeur peut se renseigner sur le site du programme interprovincial sceau rouge.

Comment recruter les nouveaux arrivants : quelques pistes à suivre

Organismes

Outre le carnet référence construction développé par la Commission de la construction du Québec (CCQ), qui permet davantage de transparence dans la relation entre les syndicats et les employeurs, les entreprises peuvent être aidées par les organismes d'aide aux immigrants. Celles-ci possèdent une large base de données du fait que les travailleurs étrangers ont usage de faire appel à eux pour les aider à s'intégrer.

Plusieurs d'entre eux proposent des programmes d'insertion professionnelle. Ceux-ci permettent aux travailleurs étrangers de mettre à jour leurs compétences et aux employeurs de leur proposer un placement temporaire qui peut devenir un contrat permanent. Immigration canada permet de retrouver une liste de ces organismes selon le lieu désiré.

Agences de placement

Les employeurs peuvent aussi faire appel à des agences de placement pour les accompagner dans leurs démarches. Il appartient à l'employeur de s'assurer de la fiabilité de l'agence en faisant ses propres recherches.

Conseiller immigration

Enfin, dans le cas où l'employeur voudrait faire venir directement un travailleur de l'étranger, il peut s'octroyer les services d'un conseiller en immigration qui l'aidera durant tout le processus d'embauche. Le conseiller doit être soit membre d'un barreau, membre de la Société canadienne de consultants en immigration ou un notaire membre de la Chambre des notaires du Québec.

Un plan d'action à venir

Face au besoin grandissant d'embaucher des travailleurs étrangers, la CCQ compte mettre en place prochainement un plan d'action destiné aux deux parties. D'une part, elle souhaite aider les travailleurs étrangers au niveau de la reconnaissance de leurs acquis grâce à des partenariats avec certains ministères et organismes communautaires. D'autre part, le plan visera à encourager les employeurs à recruter par le biais d'une politique d'information et de sensibilisation.

Devant les besoins criants au Québec pour l'industrie de la construction, tous les intervenants devront unir leurs efforts pour rendre ce projet efficient. Le renouvellement de la main-d'œuvre pourrait en dépendre.