Travaux de bétonnage : l’importance de la coordination

29 mars 2023
Par Sandra Soucy

Pour gagner en efficacité, une planification en amont est de mise pour coordonner l’ensemble des intervenants au projet de construction en béton.

Une bonne coordination des opérations est le pilier fondamental sur lequel repose la réussite de l’ensemble des travaux de bétonnage. Contrairement aux autres matériaux comme l’acier et le bois, le béton est un matériau semi-ouvré qui nécessite l’intervention de plusieurs corps de métiers tout au cours de l’exécution des travaux, et ce, jusqu’à leur terme. « Dans un premier temps, la bétonnière quitte l’usine pour se rendre au chantier où un ensemble d’actions, tels le pompage, la cure et les traits de scie, vont se mettre en place, et tous ces procédés auront un impact sur la qualité finale de l’ouvrage », souligne d’entrée de jeu Yves Dénommé, ingénieur, directeur technique de l’Association Béton Québec (ABQ). « Dans un tel contexte, une bonne organisation sera garante d’un résultat de qualité, notamment en présence de projets d’envergure dans lesquels plusieurs intervenants prennent part. »

 

Mais quelle que soit l’ampleur du chantier, il est toujours judicieux de coordonner les activités de bétonnage, même dans le cadre d’un chantier à plus petite échelle. « La réalisation de trottoirs autour d’une piscine, par exemple, requiert aussi une coordination, et ce, même si peu d’intervenants participent au projet, explique Luc Bédard, directeur général de l’ABQ. Entre autres choses, il y aura toujours des préoccupations à savoir si la bétonnière peut s’engager ou non sur le terrain, ou dans les plates-bandes. Alors oui, cela justifie une rencontre, même si les besoins de coordination sont moins complexes. D’autre part, s’il s’agit de la construction d’un bâtiment multiétage sur l’ile de Montréal, il est certain que ce chantier nécessitera un plus grand nombre d’intervenants et, conséquemment, plus de temps sera accordé à la réunion pré-bétonnage. »

 

Marche à suivre

Afin d’optimiser les travaux de coordination, l’ABQ a développé ses propres outils sous forme de documents pour faciliter les démarches lors des réunions pré-bétonnage, et bon nombre de laboratoires qui participent à ces réunions ont aussi produit les leurs. « Nous avons élaboré une fiche adaptée pour le béton qui est à la disposition de tout un chacun, indique Yves Dénommé. Et toute personne qui pourrait avoir un impact sur la qualité du béton est invitée à s’asseoir autour de la table, entre autres l’entrepreneur de production de béton, l’équipe de laboratoire responsable du contrôle de la qualité, et même l’architecte dans le cas où des paramètres architecturaux devraient être respectés. »

 

Luc Bédard, directeur général de l'Association Béton Québec. Crédit : Lise Misson

 

Tous les participants à cette réunion ont des expertises différentes et pourront mettre à profit leur précieux savoir-faire. Cette rencontre contribuera à apporter une grande fluidité et efficacité à l’ensemble du processus. « D’ailleurs, la réunion pré-bétonnage figure parmi les recommandations de la Norme CSA A23, qui est un peu la bible dans le domaine du béton », ajoute le directeur technique de l’ABQ.

 

L’inspection du chantier est une phase essentielle des travaux de bétonnage pour s’assurer que les différentes mesures de qualité et de sécurité sont correctement suivies. « Il y a tant d’étapes à suivre qui démontrent toute la complexité des ouvrages de béton. Prenons l’exemple d’une dalle au sol. Après l’intervention des gens de terrassement, une première inspection sera effectuée, suivie d’une deuxième après le départ des gens de la pose de l’acier d’armature; puis le coffrage, puis le bétonnage et finalement l’inspection du produit fini pour un total de cinq inspectionsnbsp; Ces inspections seront-elles effectuées à chaque étape ? C’est ce que vise la fiche pré-bétonnage à savoir : Y aura-t-il inspection ou pas ? Quel organisme va s’assurer que chacune des étapes est conforme et prête pour l’étape suivante ? Bref, il est entendu que la fiche pré-bétonnage et la rencontre pré-bétonnage sont les éléments clés pour tout entrepreneur qui souhaite être bien préparé lorsque vient le temps d’aborder ce type de travaux, affirme sans ambages Luc Bédard. »

 

Yves Dénommé, ingénieur, directeur technique de l'Association Béton Québec. Crédit : Lise Misson

 

Le béton est le seul matériau qui interagit avec une multitude de corps de métiers, rappelle le directeur général de l’ABQ. Il est donc plus compliqué de coordonner l’ensemble des parties prenantes présentes au chantier que lorsqu’il est question d’un autre matériau. « Pour illustrer ce point, ajoute-t-il, on peut citer le cas de l’acier. Les gens d’ossatures métalliques arrivent sur le chantier. Ils ne forment qu’un seul corps de métier, celui de monteur de charpentes métalliques; un seul syndicat; ce sont les mêmes travailleurs et la même entreprise. Mais lorsqu’il s’agit d’un bâtiment en béton, au moins trois corps de métiers seront impliqués, c’est-à-dire, le coffreur, le ferrailleur et le finisseur. Il est donc compréhensible que cela vienne complexifier la nature des choses. » Même son de cloche du côté d’Yves Dénommé : « La réunion pré-bétonnage permet à l’entrepreneur général de bien coordonner les corps de métiers et les sous-traitants, ce qui lui sera profitable, car ultimement, c’est à lui que revient la responsabilité de la réalisation des travaux. »

 

Le maintien d’une bonne communication entre les différentes équipes passe nécessairement par la fiche pré-bétonnage. S’en priver pourrait avoir des conséquences fâcheuses sur les travaux à effectuer. « Dans un premier temps, une mauvaise planification occasionnerait des retards. Qui plus est, avec une multitude de corps de métiers à bord, eh bien, les erreurs s’additionnent, avise Luc Bédard. Et on ne parle même pas des contraintes en matière d’échéanciers et des répercussions sur les couts. »

 

Un conseil pour les entrepreneurs ?

« On ne peut jamais trop planifier, poursuit-il du même élan ! C’est l’élément clé pour la réussite des ouvrages à bétonner. Et lorsque l’on planifie, il faut aussi pouvoir anticiper les problèmes. » « Il serait aussi souhaitable que les attentes de l’entrepreneur soient compatibles avec les attentes du producteur en matière de livraison et de planification, renchérit Yves Dénommé. La réunion pré-bétonnage permettra justement d’optimiser le tout afin que toutes les parties prenantes puissent s’en sortir gagnantes. »

 

COMMUNICATION ET DOCUMENTATION

La communication et la documentation sont les deux pierres angulaires de l’approche suivie par l’Association Béton Québec. « On ne le dira jamais assez : on ne peut jamais trop planifier, signale Luc Bédard. Il est primordial de connaitre les attentes de tout un chacun avant l’exécution des travaux et non après. Et surtout, Never assume ! Rien ne doit être tenu pour acquis ! Il faut que les entrepreneurs vérifient si les hypothèses émises lors des soumissions tiennent encore la route. On n’a qu’à penser à l’explosion du prix des matériaux et à la rareté de main-d’oeuvre, tout récemment. Et si les hypothèses ne sont plus valides, quels seront les correctifs à apporter ? C’est alors que la fiche pré-bétonnage sera d’une aide précieuse. » Yves Dénommé acquiesce d’emblée: « Planification, communication et fiche pré-bétonnage, c’est ce qui nous tient le plus à coeur à l’Association Béton Québec. »