Le taux de suicide est plus élevé dans le monde de la construction que dans n’importe quel autre secteur, soit quatre fois supérieur à la moyenne nationale aux États-Unis.
Parmi les travailleurs de la construction américains, les décès par suicide sont cinq fois plus fréquents que tous les autres types de décès combinés. La situation est exacerbée par les conditions de travail, des facteurs d’ordre culturel et des préjugés tenaces entourant la santé mentale au sein de l’industrie. Pour enrayer ce problème prenant la proportion d’une épidémie, les employeurs doivent multiplier les efforts, notamment en favorisant l’éducation et l’ouverture quant aux facteurs de risque courants.
Reconnue pour sa culture de vaillance et de « durs à cuire », l’industrie de la construction recense plus de suicides parmi ses travailleurs que tout autre secteur. Par ailleurs, le taux de suicide des travailleurs adultes aux États-Unis a augmenté de 40 % en moins de deux décennies. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes adultes de 15 à 34 ans — principale tranche d’âge de ceux qui entament une carrière dans la construction.
Il s’agit d’une épidémie qui sévit sous le radar, aggravée par la pression constante que vivent les employés au quotidien et les préjugés qui dissuadent ces derniers de chercher ouvertement de l’aide. La pression ressentie a chaque jour par les employés en raison de l’influence des médias sociaux et des salaires insuffisants est souvent accentuée par le milieu de travail en soi.
Les travailleurs de la construction ont un métier saisonnier aux quarts variables, et la sécurité d’emploi devient pour eux un facteur de stress permanent. Leur rythme de travail s’accélère vivement quand les projets abondent. En outre, les tâches sont risquées et l’on s’attend à ce qu’elles soient effectuées vite et bien, souvent avec peu de supervision. Les travaux exigeants peuvent entraîner des blessures ou des maux chroniques, et les médicaments servant à les soulager viennent alourdir les problèmes de dépendance dans le secteur. Tout ça peut miner la santé mentale des travailleurs et créer une certaine détresse.
Le plus souvent, les employeurs du domaine de la construction réagissent à un suicide en offrant à court terme les services de conseillers aux collègues en deuil. Peu de mesures sont toutefois mises en place pour prévenir les suicides. Il faut amener les gens du milieu à déceler plus rapidement les signes et à reconnaître l’importance d’agir pour éventuellement sauver des vies.
L’éducation de vos travailleurs commence par un échange d’information authentique et significatif. Organisez de petits groupes de discussion ou une séance spéciale dans le cadre d’une formation annuelle. Le sujet mérite l’attention de tous. Si vous sentez qu’une tierce partie serait plus à même d’animer les discussions, faites appel à votre courtier pour trouver des ressources appropriées.
Commencez par diffuser de l’information sur les indicateurs de stress, les symptômes de la dépression et le suicide en général. Environ 70 % des personnes qui se suicident ont manifesté des signes directs ou indirects de leur détresse. Il ne s’agit pas ici de poser des diagnostics, mais de savoir repérer ces signes et de tendre la main à autrui ou obtenir de l’aide auprès de l’équipe des ressources humaines. Les facteurs de risque et autres indicateurs devraient faire l’objet d’une discussion ouverte. Voici quelques éléments à aborder :
Facteurs de risque
- Antécédents familiaux de suicide ou traumatisme
- Diagnostic de grave maladie physique
- Tentative de suicide
- Stress financier ou relationnel
- Absence de réseau de soutien
- Tabou culturel entourant la santé mentale
Indicateurs de stress mental
- Changements dans l’appétit ou le poids
- Maux de tête chroniques
- Pression à la poitrine
- Anxiété et difficulté à prendre des décisions
- Manque de motivation
- Hypersensibilité
- Faible estime de soi
- Consommation accrue de tabac ou d’alcool
- Isolement ou agressivité
- Comportements téméraires
- Manque de concentration
Les employeurs du domaine de la construction doivent cultiver un environnement bienveillant et ouvert, où il est reconnu que chacun peut vivre des moments difficiles et qu’il ne suffit pas d’« encaisser le coup » pour s’en sortir. La plupart des employeurs proposent des ressources utiles, mais peu d’employés savent comment s’en prévaloir. Dans le cadre d’un effort de sensibilisation continu, demandez à chaque travailleur d’enregistrer le numéro de téléphone du service d’assistance aux employés dans leur liste de contacts. Tout problème de santé mentale nécessite l’attention d’un professionnel de la santé, au même titre qu’une fracture du bras, par exemple. Comme dans n’importe quel domaine, la résolution du problème passe par une action rapide et la mobilisation de ressources appropriées. Ne remettez pas à plus tard ce type de conversation, vous pourriez le regretter.
Communiquez avec votre courtier d’assurance afin de mieux cerner les tendances et les événements susceptibles d’influencer votre profil de risque aujourd’hui et à l’avenir.
Par Joe Kopko