Dans les cartons du ministère des Transports (MTQ) depuis une quinzaine d’années, la construction de la voie de contournement du quartier L’Isle-Maligne se mettra finalement en branle au printemps 2017.
Le projet, dont les coûts globaux sont évalués entre 50 et 100 millions de dollars, prévoit l’aménagement d’un nouveau tronçon de 4,7 kilomètres (km) entre Alma et Saint-Nazaire. Il permettra à terme de dévier les flux de circulation de la route 169, qui traverse ce quartier résidentiel.
« Le projet vise à améliorer la sécurité et la qualité de vie des riverains, souligne Véronik Lalancette, conseillère en communication au MTQ. La circulation est très intense dans le secteur. On parle d’un débit journalier moyen annuel, ou DJMA, de plus de 15 000 véhicules par jour, dont 8 % sont des camions. En termes de bruit, de vibration et de poussière, la charge est énorme pour les résidents du quartier, qui sont aussi exposés à des risques d’accident élevés. La seule solution, c’est une route de contournement dans un nouveau corridor. »
Ce nouveau tronçon de 4,8 km sera composé d’une section à quatre voies séparées entre la rue Sainte-Cécile, à Alma, et la route 172, à Saint-Nazaire, et d’une section à deux voies contiguës au nord de la route 172. Deux carrefours giratoires, aménagés à chacune des extrémités de la voie de contournement, assureront le transit. Le projet inclut par ailleurs la construction d’une voie cyclable, de deux buttes antibruit et d’une passerelle multifonction pour les piétons, les cyclistes et les motoneigistes. Construite dans l’axe du pont J.-F.-Grenon, à l’intersection de la rue Sainte-Cécile, cette passerelle sera constituée d’un tablier et de poutres en béton.
Si le projet semble banal à première vue, son ingénierie a toutefois donné du fil à retordre aux ingénieurs du ministère, qui en ont conçu les plans et devis. Les conditions de sol sont en effet particulières dans certaines zones du tracé, où abondent les silts argileux, qui composent une couche compressible pouvant atteindre de deux à trois mètres (m) d’épaisseur. Ces conditions ont d’ailleurs justifié des approches novatrices en matière de consolidation des sols.
« Les études réalisées par nos collègues du Service de géologie et de géotechnique ont montré que le poids de la route allait réactiver le tassement de l’argile, jusqu’à un mètre par endroits, indique l’ingénieur et géologue Jean-Pierre Boivin, responsable des Sols et matériaux au MTQ. On a donc modifié le profil de la route pour éviter son affaissement. Plutôt que d’être aligné sur les limites naturelles, on l’a descendu, la route sera donc encaissée. La coulée est d’ailleurs si profonde qu’elle va nécessiter un remblai d’environ 13 mètres. Mais même en abaissant le profil, la charge serait encore trop élevée. Il faut donc surconsolider les sols en recourant au drainage et à la surcharge. »
En gros, il s’agit de procéder à des forages et d’y insérer des drains verticaux, puis de recouvrir le tout de sable et de gravier. Parfois, seule une surcharge sera nécessaire. Pour mener à bien l’opération, quelque 570 000 mètres cubes (m3) d’argile seront excavés tout au long du tracé et environ 4 300 drains verticaux seront foncés dans le sol. Quant aux surcharges, elles nécessiteront la mise en place de 6 300 m3 de sable et 175 000 m3 de pierre dynamitée.
« Les surcharges seront laissées en place pendant un an environ, note Jean-Pierre Boivin. Au bout de cette période, elles seront excavées et les matériaux granulaires seront réutilisés en remblai. Le fait d’être en surexcavation dans certains secteurs nous oblige aussi à protéger les sols qui n’ont jamais connu de cycle de gel et de dégel. Pour isoler la fondation, il va falloir utiliser environ 32 000 mètres carrés de panneaux de polystyrène. »
À la fin du mois de janvier, les Entreprises Alfred Boivin, de Chicoutimi, ont déposé la plus basse soumission (8 M $) pour la réalisation de la première phase de cette nouvelle voie de contournement, soit un premier tronçon de 2,4 kilomètres.
La seconde phase, qui se résume à construire la chaussée, à l’asphalter et à la raccorder au réseau existant, débutera vraisemblablement en 2018. « L’appel d’offres pour la deuxième phase est aussi en préparation, indique Véronik Lalancette. On prévoit le sortir en 2017, mais il est trop tôt pour préciser à quel moment. Pour la mise en service, on vise toujours 2020. »
Cet article est paru dans l’édition du jeudi 16 février 2017 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.