Depuis des décennies, les aspirants étudiants des communautés éloignées qui se font accepter à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue ou au Centre de formation professionnelle (CFP) de Val-D’Or doivent faire face à la même embuche : comment se loger pendant ses études?
Grâce à un partenariat public-privé inédit, les trois institutions travaillent actuellement sur la construction d’un complexe de logement étudiant qui, ils espèrent, réduira l’impact du problème.
« La construction d’une nouvelle résidence est un projet qui est dans l’air depuis une dizaine d’années. Le taux d’inoccupation des logements à Val-d’Or est très bas, et nous développons nos offres de programmes », note Dominique Massicotte, directrice générale de la fondation du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, qui, avec la fondation de l’UQAT, a déployé une campagne de financement pour le projet. « On a de la difficulté à loger nos étudiants, particulièrement nos étudiants autochtones, qui viennent souvent des communautés éloignées. Certains d’entre eux ont même été obligés d’interrompre leurs études, faute de logement. Avec ce projet, on veut les encourager à terminer leurs études. »
Au cours de l’été, la campagne a permis aux deux fondations de récolter 300 000 $ pour le projet, dont des dons de 67 000 $ chaque par Eldorado Gold Lamaque, Mine Canadian Malartic et la MRC de la Vallée-de-l’Or. Selon Lisyane Morin, présidente de la Corporation de la Cité étudiante Desjardins, l’OSBL qui coordonne le projet, le budget de celui-ci est d’environ 12 millions de dollars, dont 11 millions viendront du gouvernement fédéral par le biais de la Société canadienne d’hypothèques et de logement. La Ville de Val-d’Or et Desjardins compléteront le financement.
Le terrain de 9382 mètres carrés, actuellement boisé, a été cédé au projet par le Centre de services scolaire de l’Or-et-des-Bois. La résidence étudiante, à distance de marche des institutions, comptera trois bâtiments, chacun avec une superficie d’environ 17 000 pieds carrés et une quinzaine de logements locatifs. « Deux bâtiments auront des 6 ½ et l’autre aura un mix de 4 ½ et 5 ½ », précise Lisyane Morin. « Beaucoup de nos étudiants qui sont autochtones ou qui sont de retour aux études viennent avec leurs familles, donc il fallait un bâtiment qui était accessible à celles-ci. Les logements pourront aussi être loués par des groupes d’étudiants en colocation. »
La construction sera assurée par Gestion M. Mirault et le chargé de projet sera le Groupe de ressources techniques de l’Abitibi-Témiscamingue-Ungava. Le complexe sera construit par modules usinés par Locusi selon les plans de Doucet + Turcotte Architectes. Les firmes d’ingénierie retenues sont L2C Experts Conseils, ENERCO Groupe-conseil et GeniCité et l’arpentage sera assuré par GEOPOSITION. Le calendrier précis reste à déterminer. Lisyane Morin espère que les premiers locataires pourront y déménager au cours de 2022. Le projet a déjà subi de nombreux délais, notamment pour la régularisation des titres du terrain, pour l’entente de collaboration avec la SCHL et pour un changement de zonage. « Maintenant, notre plus grand défi sera de rentrer dans le temps », dit Lisyane Morin. « C’est pour ça qu’on a choisi la construction modulaire. »
Mme Morin souhaite que la résidence devienne un moteur de recrutement pour les trois écoles et un projet rassembleur pour la communauté. « Nous voulons que les étudiants soient fiers d’y vivre », résume-t-elle.
Cet article est paru dans l’édition du 4 mars 2021 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.