Le projet de réfection majeure du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine n’est pas reporté et le processus d’octroi de contrat est toujours en cours, indique le ministère des Transports (MTQ) dans une communication. On se souviendra qu’en mai dernier Relais Saint-Laurent, un des deux consortiums qui s’étaient qualifiés à l’automne 2018 pour participer à l’appel de propositions, a tiré sa révérence, faisant du coup de Renouveau La Fontaine le seul candidat en lice.
« L’attribution des contrats est un processus qui se déroule de façon confidentielle, écrit Gilles Payer, porte-parole du ministère des Transports. Le Ministère rendra public le résultat de cet appel d’offres lorsqu’il sera terminé. » Il rappelle au passage que le projet, qui sera réalisé en mode conception-construction-financement (CCF), vise à donner un coup de jeunesse à l’ouvrage inauguré en 1967 et à en prolonger la durée de vie utile d’au moins 40 ans encore.
Les travaux porteront essentiellement sur le tunnel de 1,5 kilomètre (km) et ses composants auxiliaires, comme les systèmes mécaniques, de surveillance et de communication, et non sur le pont de 460 mètres (m) qui le complète. Ils incluent cependant la reconstruction de la chaussée de part et d’autre du tunnel, entre l’ile Charron et la rue Sherbrooke, à Montréal, ainsi que de nouvelles infrastructures de transport collectif – voies réservées, stationnements incitatifs, quais d’autobus – pour alléger le fardeau des usagers.
En tunnel, les mesures correctives auront pour principal objectif d’effacer les signes de délaminage et de corrosion apparus au fil des ans sur la voute, les murs et le radier. « L’ajout d’une couche d’enrobé au cours des années 1970 a facilité le transfert des ions chlorure dans le radier, commente Ibrahima Diaby Gassama, coordonnateur de l’ingénierie du projet pour le MTQ. Mais pour y accéder, il faut d’abord enlever la chape dans les deux directions ainsi que dans le couloir de service.
« Cela va permettre de localiser les zones endommagées, précise-t-il. Là où le diamètre des barres d’acier d’armature aura été réduit de 30 % par la corrosion, les barres seront remplacées. Ailleurs, elles seront simplement débarrassées de la rouille. Des anodes seront ensuite installées pour les protéger, et les réparations seront recouvertes d’une coulée de béton. »
Des interventions musclées sont également prévues au bas des murs. Sur environ un mètre de hauteur, toutes les barres d’armature de la première rangée seront remplacées et tout le béton contaminé sera retiré. Les barres seront ensuite protégées au moyen d’anodes et une couche d’imperméabilisation à base de polymère préviendra à l’avenir la pénétration de l’eau dans le béton.
Dans la foulée, la sécurité incendie sera également rehaussée par l’ajout d’une protection passive. « Sur les murs, on a prévu l’installation de panneaux multicouches composés de deux faces en acier émaillé pour assurer le maintien de l’intégrité structurale de l’ouvrage en cas de feu, signale Ibrahima Diaby Gassama. Ils offrent une résistance au feu de 180 minutes. Le cas échéant, il suffit de les remplacer une fois le feu maitrisé. »
Un projet écoconvivial
Plusieurs mesures écologiques figurent également au programme. Le gestionnaire note entre autres la compensation, par la plantation d’arbres, des gaz à effet de serre générés par l’équipement et le transport de matériaux. Les arbres pourraient toutefois être plantés ailleurs, sur un autre site. Ce sera à l’entrepreneur, le moment venu, d’évaluer la situation et de proposer un plan d’intervention.
Afin de protéger l’écosystème fluvial, les eaux de ruissellement devront être traitées, afin d’éliminer une partie des matières en suspension qu’elles contiennent, avant d’être rejetées dans le fleuve. Le taux d’élimination, qui pourra atteindre jusqu’à 80 %, sera dicté en fonction de la vulnérabilité écologique de la zone concernée par les rejets, vulnérabilité elle-même déterminée au moyen d’études de sensibilité qui restent à réaliser.
Le projet devra également faire la part belle à l’efficacité énergétique, en optimisant notamment la consommation de l’équipement d’exploitation. « On a mandaté le Centre for Zero Energy de l’Université Concordia pour qu’il procède à une analyse de la consommation énergétique actuelle, commente M. Gassama.
« Parmi les moyens proposés pour améliorer l’efficacité énergétique, on retient les luminaires à DEL, qui consomment 40 % de moins d’électricité, et les contrôles intelligents pour le chauffage, qui réduisent la facture d’énergie de 20 %. La mobilité est aussi un enjeu majeur. On a donc prévu aménager cinq stationnements sur la Rive-Sud, soit autour de 860 places. L’accotement de l’autoroute 20 sera aussi transformé en voie réservée sur 11 km. Ailleurs, une voie sera ajoutée au centre de l’autoroute pour les autobus. »
Il signale enfin que l’enrochement du tunnel, qui constituait initialement un projet indépendant, a été inclus au présent mandat. Ce volet vise à reconstituer la protection rocheuse du tunnel, qui s’est érodée sous l’effet des courants. À certains endroits, les pertes atteignent jusqu’à 1,80 m.
Le MTQ alloue quatre années de travail à la réalisation de cet ambitieux programme. Si le projet s’enclenche cette année, il devrait en principe être complété en 2024.
Cet article est paru dans l’édition du 25 juin 2020 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.