Investir dans de l’équipement performant, c’est multiplier le potentiel de croissance de son entreprise. l’exemple de Coffrage LD.
Par Marie Gagnon
L’acquisition d’équipement de chantier représente une immobilisation importante pour tout entrepreneur. Et, par ricochet, une dette élevée inscrite au passif de l’entreprise. Sans oublier tous les frais afférents – intérêts, assurance, immatriculation, etc. – qui s’y rattachent et reviennent chaque mois. Bien sûr, on peut toujours recourir à la location pour ménager ses flux de trésorerie. Mais il reste que s’équiper s’avère un puissant levier pour augmenter sa productivité et accélérer sa croissance.
Coffrage LD, une entreprise de Lévis qui fait sa marque depuis 1987 dans tous les secteurs de l’industrie, a fait sienne cette stratégie. « Depuis les 10 dernières années, on a investi autour de deux millions de dollars par année en équipement de chantier », indique Léandre Drouin, son président et fondateur.
D’année en année, son parc d’équipement grossit. Aujourd’hui, il possède en propre cinq grues mobiles et quatre grues à tour. Sans compter les camions, les nacelles et les plateformes élévatrices, ainsi que les divers équipements de coffrage, formes et tables, et autres échafaudages qui permettent à Coffrage LD d’atteindre sur ses chantiers des niveaux de productivité plus qu’enviables.
Rendement amélioré
« C’est certain que cela se reflète sur notre rendement au chantier, reconnaît Léandre Drouin. Certains types de coffrage permettent de travailler avec un personnel réduit tout en gardant un rythme de production élevé. D’un autre côté, cette stratégie d’acquisition nous permet aussi de poursuivre notre croissance. Quand on possède l’équipement, on est plus compétitif dans nos soumissions. »
L’entreprise se positionne ainsi pour décrocher des contrats toujours plus alléchants. Comme les phases 1 et 2 de l’Amphithéâtre de Québec, deux mandats dont la valeur respective s’établit à 9,5 millions de dollars. Ou l’agrandissement du Musée national des Beaux-arts du Québec, coffré et bétonné au coût de 5 millions. Puis, lorsque le rythme ralentit, rien n’empêche de rentabiliser l’achat des équipements en les louant à des tiers, comme le préconise Léandre Drouin.
Les résultats financiers de Coffrage LD concordent par ailleurs avec cette vision des affaires. En 2012, ses recettes se sont établies à 30 millions de dollars. C’est 6 millions de plus qu’en 2011, soit une progression de 26 % par rapport à l’année précédente. En 2011, ses revenus ont crû de 10 % et, en 2010, de 23 %. Bref, sur les cinq dernières années, l’entreprise spécialisée a vu ses revenus bondir de 50 %, c’est tout dire.
Gestion rigoureuse
On devine derrière cette bonne performance une gestion rigoureuse. « Tout part d’une bonne planification, note Léandre Drouin. Pour commencer, on s’assure d’avoir les ressources, tant humaines que matérielles, pour mener à bien le travail. Ensuite, c’est de la gestion au quotidien. On se réunit aussi une fois par semaine pour faire le tour de tous les projets en chantier, histoire de s’assurer qu’on est dans les temps et que les budgets sont respectés. »
Il en donne pour exemple le coffrage du nouveau complexe immobilier de Desjardins à Québec, un bâtiment de 16 étages dont les premiers planchers sont espacés de 18 pieds. Le contrat, d’une valeur de 8,5 millions de dollars, a été réalisé en 10 mois. « On est à l’écoute de nos travailleurs et on n’hésite pas à revoir nos façons de faire pour s’ajuster aux particularités d’un chantier, ajoute-t-il. Mais on doit aussi pouvoir compter sur une main-d’oeuvre compétente et suffisante pour respecter nos mandats. »
Comme la plupart des entrepreneurs en construction, Léandre Drouin doit en effet composer avec une main-d’oeuvre qui vieillit et se fait rare. Il n’hésite donc pas à embaucher la garde montante et à la former. Pour attirer les meilleurs et les retenir, il dit miser beaucoup sur la formation et le transfert de compétences. Le jumelage d’un nouvel employé avec un travailleur expérimenté est d’ailleurs monnaie courante sur ses chantiers. Et ses équipements à la fine pointe font le reste.
« Les jeunes travailleurs sont différents de leurs aînés, constate-t-il. Pour eux, il est très important d’aimer leur travail et de relever des défis. Ils aiment se sentir impliqués dans l’organisation, ça les valorise. Pour aller chercher tout leur potentiel, il faut aussi leur laisser de la corde. Quand ces conditions sont au rendez-vous, ils se donnent à 100 % et on obtient un rendement exceptionnel. Et même s’ils ont peu d’expérience de travail, ils sont vifs et ont souvent des solutions novatrices à proposer pour régler les problèmes qui surviennent inévitablement en cours de route. »
Fin de cycle
Malgré la bonne tenue de son entreprise, Léandre Drouin est conscient d’être tributaire de son marché. Il s’attend d’ailleurs à un ralentissement dans tous les secteurs de son industrie en 2013. Le marché, par le biais de ses contacts d’affaires, lui envoie des signaux dont il doit tenir compte dans sa planification. Réaliste, il prévoit ainsi une croissance moindre de ses revenus pour l’année en cours.
Ceux-ci devraient grimper d’environ 5 %, pour atteindre 32 millions de dollars à la fin du présent exercice financier. Pour maintenir le cap dans un contexte moins favorable, deux options s’offrent à lui. D’abord consolider ses assises dans la grande région de Québec. Ensuite, se démarquer de la concurrence auprès des donneurs d’ouvrage privés, une part importante de son marché.
« On veut croître, mais pas à tout prix, dit le président et fondateur de Coffrage LD. On mise surtout sur une croissance organique. Ce qu’on veut, c’est bâtir des relations à long terme avec nos clients, être pour eux des partenaires de choix dans la réalisation de leurs projets. Et ça, ça passe par le service qu’on donne, tant sur le plan du savoir-faire, de nos façons de faire novatrices et de notre rapidité d’exécution. »
Ce service à la clientèle, Léandre Drouin le résume en quelques mots. « On se donne les moyens de nos ambitions, dit-il. Oui, on investit dans l’équipement. Mais on compte aussi beaucoup sur les compétences de notre main-d’oeuvre. Et on a la confiance de nos clients. Ils savent qu’on va tenir parole. »
Dans une dizaine d’années, après quelque 40 années passées à la barre de Coffrage LD, Léandre Drouin prévoit prendre une retraite bien méritée. Histoire d’assurer la pérennité de l’entreprise qu’il a lui-même fondée, il planifie déjà la transmission des pouvoirs. Sa succession, il entend l’orchestrer avec ses enfants, qui sont déjà très impliqués à tous les niveaux de l’entreprise.
Il y a d’abord Cindy. Âgée de 33 ans, elle est ingénieure civile et présentement directrice des opérations. Puis Anick, directrice des services administratifs, âgée de 30 ans. Et, enfin, Steven, le cadet qui, malgré ses 25 ans, se démarque par ses qualités de contremaître. « Ils ont tous les trois l’entreprise à coeur, mentionne-t-il. Même s’ils en connaissent bien tous les rouages, ils n’hésitent pas à suivre des activités de perfectionnement pour aiguiser leurs compétences en gestion et en entrepreneuriat. »
Une des réalisations de Coffrage LD dont Léandre Drouin est le plus fier, est sans contredit le nouvel édifice de bureaux de Desjardins à Lévis. Le contrat, d’une valeur de 8,5 millions de dollars, consistait à coffrer et à mettre en place le béton structural.
Plusieurs défis ont ponctué le chantier. À commencer par l’échéancier ; le mandat a été réalisé en 10 mois, soit du 15 novembre 2011 au 1er octobre 2012. Ensuite, par l’ampleur des travaux. Soulignons que l’édifice compte 16 étages et que la hauteur entre les dalles des trois premiers planchers est de 18 pieds.
Cet article est tiré du Magazine – Les Leaders de la construction au Québec 2013. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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