Outil de planification urbaine par excellence, le Programme particulier d’urbanisme précise le développement de secteurs jugés névralgiques. Et stimule la programmation de projets taillés sur mesure. Démonstration.
Montréal, Québec, Laval, mais aussi Candiac, Lévis, Chelsea, Gatineau, Contrecoeur, et ça ne s’arrête pas là, la liste est encore longue. Car la plupart des municipalités québécoises recourent aujourd’hui au Programme particulier d’urbanisme (PPU) pour encadrer, de façon détaillée et structurée, la revitalisation de leurs vieux quartiers ou encore le développement de nouveaux secteurs sur leur territoire. Elles fournissent ainsi aux promoteurs des lignes directrices claires quant à la vocation de ces milieux et à la nature des projets immobiliers qui pourraient s’y insérer.
« Les PPU découlent de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme, rappelle Jean-François Morin, chef de la Division de l’urbanisme et du développement économique de l’arrondissement de Ville-Marie. Ce sont des outils de planification inclus dans le plan d’urbanisme d’une municipalité. D’un côté, le plan d’urbanisme détermine la planification de l’ensemble du territoire municipal, tandis que de l’autre, le PPU cerne un secteur en particulier en déterminant ses orientations d’aménagement et les objectifs à atteindre pour les réaliser. »
Jean-François Morin parle en connaissance de cause. L’arrondissement de Ville-Marie est en effet abonné aux PPU depuis quelques années déjà. Entre autres avec le Pôle du Quartier latin, adopté en 2013 afin de compléter la deuxième phase du Quartier des spectacles. Sous la devise « Vivre, apprendre, créer et se divertir », ce PPU a notamment donné lieu, au cours des dernières années, à divers projets d’habitation de moyenne envergure dans le quadrilatère formé par les rues Ontario, Charlotte, Hôtel-de- ville et Sainte-Catherine.
Les infrastructures d’abord
Il comprend par ailleurs plusieurs actions en lien avec le domaine public (élargissement de trottoirs et aménagement de parvis), visant à consolider la présence d’institutions du savoir, comme l’UQAM et le Cégep du Vieux Montréal, en leur assurant une meilleure visibilité. Il a également pour objectif le maintien de la vocation artistique du secteur par la création d’ateliers et de logements pour les artistes, en plus de soutenir, par des subventions, la mise à niveau des lieux de diffusion.
Il importe de rappeler ici que la réglementation municipale ne contient pas seulement des prescriptions rigides et qu’elle laisse place à une certaine flexibilité. Cette flexibilité, ou zonage discrétionnaire, est entre autres balisée par le règlement sur les projets particuliers de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI). Celui-ci permet une approche au cas par cas, favorisant la réhabilitation du tissu urbain dans un secteur assujetti à des règles d’aménagement contraignantes.
C’est d’ailleurs par le biais d’un PPCMOI que le théâtre Saint-Denis sera restauré afin de reprendre son rôle sur la scène culturelle. L’arrondissement injectera ainsi 12 millions de dollars pour doter le théâtre construit en 1916 d’une façade en verre et rénover les bâtiments voisins. Le PPU du Quartier latin défi nit en outre les hauteurs, les densités et les affectations du secteur. Par exemple, sur la rue Sainte-Catherine Est, face à la place Émilie-Gamelin, certains édifices peuvent grimper jusqu’à 65 mètres, tandis que la vocation de la partie nord du site de la Grande Bibliothèque passe d’institutionnelle à mixte.
Adopté en 2015 et intégré au Plan d’urbanisme de laVille de Montréal en janvier 2016, le PPU du Quartier des gares s’intéresse pour sa part au Centre des affaires, situé au coeur même de Ville-Marie. Ses orientations touchent principalement le réaménagement du domaine public – embellissement des viaducs, création d’un parc urbain, ajout de parcours piétons – afin de stimuler le développement des terrains vacants du secteur.
L’arrondissement a d’ailleurs enclenché en juin dernier la revitalisation du quartier avec un premier volet visant les rues Drummond et de la Montagne, au nord du Centre Bell. Présentement à l’étape du phasage des travaux, une étape coordonnée avec la ville-centre, ce premier volet comprend la réfection des infrastructures souterraines, l’élargissement des trottoirs, la plantation d’arbres en bordure de rue ainsi que la mise à niveau du mobilier urbain, histoire d’assurer une uniformité à l’échelle du quartier.
Le rôle du promoteur
« Ce qu’il faut retenir, c’est que le PPU est un document de planification soumis à la consultation publique, souligne Jean-François Morin. Dans le cadre des consultations, des citoyens, des organismes et même des promoteurs sont invités à exprimer leurs points de vue sur la forme que devrait prendre le secteur concerné. Le but étant de consolider le développement immobilier, on s’attend à ce que les promoteurs y participent à titre de partenaires, en se les appropriant et en proposant des projets en lien avec le programme. »
C’est justement l’approche adoptée par Marc Lachance, le promoteur derrière le projet Le Sommet 3V, un édifice de 592 copropriétés mis en chantier au début de février. Pour définir les grandes lignes de son projet, dont la valeur avoisine les 100 millions de dollars, il a lu et relu le PPU du Plateau centre de Sainte-Foy (Ville de Québec), dont l’adoption remonte à 2012. « Les PPU nous renseignent de façon concrète sur la volonté d’une ville de revitaliser ses infrastructures publiques, pas seulement les rues, mais aussi les parcs, les arénas, les bibliothèques, et à quel endroit les efforts seront concentrés, fait-il valoir.
« J’ai étudié tous les PPU de la Ville et j’ai retenu celui de Sainte-Foy parce que c’est le plus avant-gardiste, précise-t- il. Ici, les gens veulent davantage de logements luxueux, mais abordables. Ils veulent aussi des parcs, de la mobilité active et durable, des interactions sociales. Le Sommet 3V colle parfaitement à tout cela. Nos copropriétés sont accessibles et offrent la qualité de vie attendue, comme un hall style hôtel, un café bistrot. On aura aussi un gym et deux piscines, une intérieure, l’autre sur le toit, en plus d’un enclos à vélos, des bornes de recharge pour véhicule électrique et un système d’autopartage. »
Cet article est tiré du Supplément thématique – Projets 2017. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous !
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