La métropole va très bien et constitue plus que jamais un marché prometteur. L’activité économique y a été l’une des plus fortes l’an dernier, notamment avec des investissements records dans l’immobilier totalisant des dizaines de milliards de dollars.
À ce jour, elle compte 154 grands projets en chantier, un taux d’inoccupation du marché locatif sous un seuil critique et un volume de transactions immobilières en forte hausse.
Selon les témoignages des promoteurs et experts en immobilier livrés au dernier Forum stratégique de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Montréal est alléchante pour les investisseurs avec son potentiel de développement à faire rêver. Pour peu, la gent d’affaires nombreuse qui a assisté à l’événement aurait cru au retour d’une ère de prospérité digne de celle des années 1960 et 1970, marquée par la construction des grands barrages hydroélectriques, du métro, de l’Expo et du Stade olympique.
Tout compte fait, l’effervescence du secteur immobilier pourrait bien être le prélude d’une profonde métamorphose de la métropole. On n’a qu’à penser aux millions de pieds carrés de terrains industriels vacants à décontaminer dans l’est de Montréal, pour lesquels le Gouvernement du Québec vient de s’engager à y injecter 100 millions de dollars. Sans oublier le potentiel industriel à redévelopper en logistique intelligente intermodale du secteur Assomption Sud–Longue-Pointe.
On peut penser aussi à l’extension éventuelle du centre-ville un peu plus vers l’est, avec le développement du secteur des Faubourgs jusqu’aux abords du pont Jacques-Cartier. Il est planifié, entre autres, de restructurer l’ancien secteur de Radio-Canada et de la compagnie Molson avec des projets de village urbain, comme celui du Quartier des lumières du Groupe Mach, et de nouveaux projets urbains mixtes en développement du Groupe Prével, depuis son acquisition des terrains du Quai De Lorimier.
Penser tout autant au potentiel de revitalisation de quartiers montréalais entiers, comme celui à revitaliser autour du nouveau Campus MIL de l’Université de Montréal. Ce dernier pourra y ajouter quantité de nouveaux logements, d’écoles, de commerces et d’entreprises de la nouvelle économie sur les terrains vagues circonscrits en périphérie de l’ancienne gare de triage d’Outremont. C’est sans oublier le potentiel de redéveloppement de 25 millions de pieds carrés de terrains et de bâtiments du District central englobant les secteurs de l’Acadie, Sauvé, Saint-Laurent et Chabanel. Celui-ci souhaite transformer son patrimoine industriel associé aux textiles en un nouveau quartier d’affaires.
Que dire du potentiel que recèle l’ancien hippodrome Blue Bonnets pouvant mener au développement d’un nouveau quartier de plusieurs milliers de nouveaux résidents. Que dire aussi des visées expansionnistes titanesques du projet Royalmount, toujours en mode écoute et réflexion sous le coup de consultations publiques et d’études.
Impossible également de passer sous silence la réalisation de prestigieux projets-phares, comme celui de la tour Victoria sur le parc, un nouveau gratte-ciel de 53 étages qui changera désormais le profil du centre-ville de Montréal. Ni la réalisation de projets milliardaires, comme ceux qui s’articulent autour du Fairmont Le Reine-Elizabeth, de la Place Ville-Marie, du Centre Eaton et de la Maison Manuvie. S’ajoutent à cela les nombreuses autres tours de plus de 30 étages en construction, comme la luxueuse tour de 38 étages du 1111 Atwater, dont les 22 unités résidentielles supérieures se détailleront à plusieurs millions de dollars.
Ceci dit, le développement de la métropole ne se fera pas sans l’intégration de projets plus modestes et socioécologiques, pas sans l’incorporation de projets plus « vert foncé ». Il suffit de mentionner les initiatives visant le verdissement et la conservation de la biodiversité de la société SOVERDI et de la Banque TD, qui orchestrent déjà la plantation de milliers d’arbres en ville. Ou les initiatives d’Héritage Montréal et de promoteurs comme Gestion Georges Coulombe qui veillent à la protection et à la sauvegarde du patrimoine bâti. Ou encore les promoteurs et idéateurs qui ont à coeur le développement de projets résidentiels à vocation sociale, tels l’UTILE, avec sa nouvelle formule partenariale de développement de résidences pour étudiants, et l’architecte Ron Rayside, reconnu pour son implication dans le développement communautaire.
La référence à ces multiples projets en développement à Montréal a fait ressortir les points communs à mettre en valeur pour leur réussite, soit les critères de densification des communautés (en superficie et en hauteur) et de mixité des clientèles (catégories d’âges, types de ménages et niveaux de revenus) ainsi que des vocations des nouveaux quartiers (habitation, emploi, divertissement).
Évidemment, tous ces bons mots sur le développement présent et futur de Montréal ne témoignent pas d’une réalité sans anicroche. Oui, Montréal présente des atouts indiscutables en termes de potentiel de développement, conviennent les promoteurs, mais il subsiste certains irritants politiques qui alourdissent leurs charges financières et fragilisent la rentabilité des projets. C’est le cas, entre autres, des taxes imposées pour fins de parc, de la taxe de redevance pour le Réseau express métropolitain (REM) et de l’intégration obligée de logements sociaux dans les projets résidentiels.
Il n’en fallait pas plus à la mairesse Valérie Plante pour promettre, à la fin du Forum, la révision prochaine du plan d’urbanisme, sans compromettre toutefois sa volonté d’appliquer son nouveau règlement d’inclusion de logement social, abordable et familial (20- 20-20) dans les projets immobiliers en 2021.
Somme toute, le Forum aura permis de rallier tous les acteurs économiques sur l’opportunité d’investir dans l’économie montréalaise, mais pas au détriment de leur souci de rentabilité par des contraintes « socioéconomiques ». S’il est un point sur lequel tout le monde s’est entendu à l’issue du Forum pour favoriser le développement à venir de Montréal, c’est bien celui d’investir dans les infrastructures de transport. Peu importe la formule ou la couleur, a assuré la mairesse Plante!
Cet article est paru dans l’édition du 10 mai 2019 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.