REM : transporter le développement

Les 67 kilomètres et les 26 stations desservis par le Réseau express métropolitain (REM) seront synonyme de bouleversement des habitudes, de transport, comme de vie. Le projet de la CDPQ Infra (filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec) en est un d’envergure, et cela va bien au-delà de l’investissement de 6,3 milliards de dollars qu’il représente. Ce sont environ 34 000 emplois qui en découleront tout au long de sa construction, entraînant au passage la distribution d’une enveloppe salariale de deux milliards.

Le levier économique généré par la construction de ce qui se veut l’un des plus importants réseaux de transport automatisé sur la planète propulsera l’ensemble de l’économie québécoise. Selon Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le projet répond à des besoins pressants pour la métropole et sera bénéfique aux Montréalais, certes, mais aussi à l’ensemble des habitants du Québec.

« Pour Montréal, c’est le projet le plus structurant depuis le métro, il y a une cinquantaine d’années. En plus de contribuer de manière importante à désengorger le réseau routier, les secteurs qui étaient moins bien desservis seront maintenant reliés de manière efficace au réseau de transport collectif. »

Plusieurs des gares qui en constitueront le tracé seront installées là où il n’y avait pas de desserte auparavant, menant invariablement à la naissance de projets de développement immobilier et commercial. De l’avis de Michel Leblanc, le déploiement du REM et de ses stations changera le portrait de la métropole comme de ses régions avoisinantes.

« Pour s’en convaincre, il suffit de regarder derrière nous le boom de développement qui a suivi la construction des trois stations de métro à Laval, il y a maintenant plus d’une décennie. Là où il y avait des champs et des quartiers parsemés, on retrouve aujourd’hui des développements importants. La Place Bell, les condos Urbania, l’espace Montmorency et le campus de l’Université de Montréal en sont de bons exemples. Nous allons assister à la naissance d’une multitude de projets de type TOD (Transit Oriented Development). »

Annonces, ébauches et projets commencent d’ailleurs à faire surface. Du lot, des développements TOD (développements immobiliers à haute ou moyenne densité près desquels on retrouve une station de transport en commun majeure), directement liés à l’apparition prochaine du nouveau réseau de transport, sont déjà en construction. Alors que certains projets, comme le développement de Devimco à Brossard, sont déjà bien entamés, d’autres sont à l’étape d’élaboration de stratégies d’acquisition de terrains et de montages financiers. « Il y a des échos positifs de Technoparc Montréal, où toute une stratégie se développe pour densifier ce qui se retrouvera autour du REM, précise monsieur Leblanc.

« Il y a plusieurs autres projets en développement, notamment celui de Broccolini à Kirkland. Il y en a un autre à Pierrefonds qui connaît ses premiers balbutiements. Qui plus est, nous avons récemment eu des échos d’un projet de développement immobilier à Ville de Mont-Royal, potentiellement au-dessus de la voie du REM. »

Un besoin générationnel

La génération Y a épousé un style de vie qui nécessite la mise en place d’un réseau de transport en commun empreint d’efficacité. « Les milléniaux ont tendance à s’implanter dans des quartiers centraux parce qu’ils ont un vif intérêt envers le transport en commun. L’immobilier étant très coûteux au centre-ville, le REM va leur permettre d’accéder à un immobilier à prix plus raisonnable. Un peu partout, on assiste à l’émergence de micro-centres-villes, comme on est en train de le faire à Longueuil, par exemple. L’époque des immenses stationnements autour des gares est révolue. »

Un accès facilité, tant pour la Rive-Sud que la Rive-Nord, rimera avec la création de nouveaux axes de déplacement en étoile autour de la métropole. C’est au besoin criant de toute une génération de travailleurs actifs que le réseau compte répondre. « En créant ni plus ni moins un écosystème économique capable de s’autoalimenter, on favorise l’idée du live-work-play. Le REM permettra de vivre à un endroit où c’est agréable; de vivre à un endroit où le trajet pour se rendre au travail ou se divertir est aisé. Si on a besoin du transport en commun, on doit impérativement se trouver à distance de marche raisonnable. »

L’industriel qui se déploie en milieu urbain, en étant bien desservi par un transport en commun, devrait favoriser la recherche de main-d’oeuvre. « Une large partie des travailleurs qualifiés fera ses choix de vie en fonction du transport en commun. Des entreprises se logeront à proximité. Les commerces et les entreprises étant installés dans des lieux faciles d’accès, ils auront ainsi un plus grand pouvoir de persuasion pour attirer les travailleurs. »