La construction en 2020-2021 : l’industrie tient le coup malgré la pandémie

22 décembre 2020
Par Jean Garon

L’industrie de la construction devrait terminer l’année 2020 avec 161 millions d’heures travaillées, en baisse de 9 % par rapport au sommet enregistré l’an dernier. Pour la prochaine année, la Commission de la construction du Québec (CCQ) anticipe une remontée graduelle de 4 % de l’activité pour l’ensemble de l’industrie, qui pourrait ainsi totaliser 167 millions d’heures travaillées.

« En dépit de la fermeture des chantiers causée par la pandémie de la COVID-19 en mars et avril derniers, l’industrie s’est vite remise à pied d’œuvre pour tenter de rattraper le temps perdu », explique Mélanie Ferland, économiste à la CCQ. Au final, tous les secteurs subiront des baisses des heures travaillées en 2020, y compris le résidentiel qui réussira tout de même à limiter ses pertes à trois pour cent.

 

Sur le plan régional, la pandémie aura eu un impact négatif presque partout au Québec, avec des baisses d’activité variables. Les plus importantes atteindront 28 et 48 % sur la Côte-Nord et à la Baie-James, en raison des problèmes de sécurité au chantier de La Romaine et l’abandon temporaire du projet de construction d’une route à la Baie-James. Seules les régions de l’Outaouais et de l’Estrie termineront l’année en cours en hausse de 6 et 8 % respectivement. Pour l’an prochain, la CCQ prévoit une situation inverse où l’ensemble des régions connaîtront une croissance de l’activité, à l’exception de l’Outaouais et de l’Estrie qui encaisseront de légers reculs.

 

SOURCE : CCQ

 

Retour à la normale en 2021

Dans ses plus récentes prévisions de l’activité de l’industrie, la CCQ se montre relativement optimiste, même s’il subsiste encore de l’incertitude pour 2021. Elle prévoit d’ailleurs un retour à de bons niveaux d’activité dans la plupart des secteurs.

 

Pour le secteur du génie civil et voirie, l’activité devrait se maintenir à peu près au même niveau que celui de cette année. Le sous-secteur des routes et des infrastructures subira un certain ralentissement en raison d’une baisse anticipée des investissements municipaux, tandis que le sous-secteur hydroélectrique rebondira avec les projets de centrales et de lignes électriques.

 

Le secteur industriel, lui, devrait connaître une légère reprise en 2021, mais il continuera à tourner au ralenti, faute de grands projets, les investissements de ceux-ci étant reportés. La CCQ explique la situation en grande partie par l’incertitude économique créée par la pandémie qui perdurera encore un certain temps.

 

De son côté, le secteur institutionnel et commercial devrait renouer avec la croissance en raison principalement d’une certaine effervescence de travaux pour la réalisation de multiples projets institutionnels. La CCQ ne compte plus les projets de construction de maisons des ainés, de réfection, de rénovation et d’agrandissement d’écoles et d’hôpitaux. À l’inverse, la construction commerciale restera en retenue et concentrée sur la réalisation déjà amorcée de grands projets immobiliers à vocation commerciale et résidentielle, avec peu de nouvelles annonces d’investissements en raison de l’incertitude économique.

 

Quant au secteur résidentiel, les résultats continuent de surprendre. Malgré la fermeture des chantiers pendant quelques semaines, les constructeurs auront connu une très bonne année 2020 avec quelque 51 500 mises en chantier. Le marché conservera une certaine vigueur l’an prochain pour combler une demande refoulée et se dirigera vers la construction de 47 000 nouvelles habitations. Par ailleurs, une diminution de la pression devrait se faire sentir dans le marché locatif en raison d’un affaiblissement des clientèles des immigrants et des étudiants.

 

Pénurie de main-d’oeuvre

Somme toute, les volumes d’activité dans l’ensemble du Québec auront tout de même occupé près de 170 000 travailleurs en 2020, en plus d’avoir intégré 13 000 nouveaux ouvriers. Il n’en demeure pas moins que l’industrie éprouve toujours des problèmes de pénurie de main-d’œuvre. Même si le nombre de travailleurs qui quittent l’industrie pour prendre leur retraite se situe bon an mal an à environ 3 %, leur relève semble nettement insuffisante.

 

« Le problème de vieillissement démographique dont on parle depuis 25 à 30 ans, on a les deux pieds dedans, souligne l’économiste. La population active n’augmente pas aussi vite qu’avant et on a moins de jeunes diplômés qui entrent dans l’industrie. » Une situation qui oblige la CCQ à ouvrir ses bassins de main-d’œuvre, auxquels répondent à l’appel presque exclusivement des travailleurs non formés.

 

D’où la tentative récemment amorcée par la Commission et ses partenaires de proposer l’adoption de mesures réglementaires visant à faciliter l’entrée de nouveaux travailleurs dans l’industrie et à améliorer leur rétention, aussi bien au cours de leur formation qu’au seuil de leur retraite.

Cet article est paru dans l’édition du 10 décembre 2020 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.