Ce décloisonnement, demandé par l’Association de la construction du Québec (ACQ), est au coeur de la réforme de l’industrie de la construction qui sera déposée par le ministre du Travail, Jean Boulet, l’automne prochain.
« Au Québec, nous sommes le seul endroit sur la planète où nous avons 26 métiers de la construction qui sont des ilots fermés. C’est le plus important frein en termes d’efficacité et d’efficience », a déclaré monsieur Arbour, devant des centaines d’acteurs du secteur de la construction en avril dernier. En comparaison, l’Ontario compte seulement sept métiers.
Par exemple, un peintre devrait être capable de tirer des joints, selon le président. De plus, selon la loi, il faut quatre employés (un électricien, un plombier, un charpentier-menuisier et un frigoriste) pour installer un air climatisé. Or, cela ne devrait pas en être ainsi, affirme le président de l’ACQ.
Selon lui, les employés sont les premiers à vouloir cette polyvalence et seraient capables d’effectuer des tâches connexes. « La fin de semaine à la maison, les employés sont les experts pour faire tous les métiers, mais le lundi matin, ils sont experts dans un seul métier », défend-il.
Partie importante de la réforme
Tout comme Jean-François Arbour, le ministre Boulet estime que des travailleurs plus polyvalents réduiraient les délais dans les chantiers de construction en plus d’être plus efficaces.
La Commission de la construction du Québec et l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ), entre autres, se sont déjà positionnées pour la réalisation de tâches connexes par les travailleurs.
« Dans un contexte de pénurie où la main-d’œuvre qualifiée est disponible en nombre limité, il en va de la pérennité des entreprises et de la prospérité de l’ensemble des activités de notre secteur », écrivait l’APCHQ dans un mémoire publié en 2019.
À l’heure actuelle, il manque environ 17 000 personnes qui œuvrent dans l’industrie de la construction au Québec, selon l’ACQ. Parmi celles-ci, il y a des travailleurs de la construction, mais également des ingénieurs, des architectes et des chargés de projet.
Les syndicats préoccupés
Cette prochaine réforme suscite des inquiétudes dans le milieu syndical. Cité par La Presse Canadienne, Éric Boisjoly, directeur général de la FTQ-Construction, a fait valoir que « la règlementation est déjà pas mal permissive » quant à la variété de tâches que certains métiers peuvent accomplir.
Un autre syndicat, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International) a également exprimé ses préoccupations devant cette réforme. Son président, Michel Trépanier, se dit toutefois prêt à travailler avec le gouvernement dans le meilleur intérêt des travailleurs et des entreprises.
« Je comprends que les syndicats soient réticents. Toutefois, nous voulons construire, mais nous sommes limités. L’an dernier, nous avons réussi à construire 68 000 unités au Québec et cette année, ce sera autour de 48 000 unités », indique Jean-François Arbour.
Cette diminution ne s’explique pas seulement par le manque de main-d’œuvre, mais aussi par la hausse des couts de construction qui ont grimpé de 13 % dans le résidentiel et de 11,5 % dans le commercial et l’industriel. « Cette hausse de couts, ce n’est pas de la profitabilité. C’est vraiment pour ce qui concerne la construction », précise monsieur Arbour.
Selon lui, il est très difficile pour un entrepreneur d’évaluer le cout d’un projet actuellement à cause de la variabilité des prix des matériaux.
Cet article est paru dans l’édition du 18 mai 2023 du journal Constructo. Pour un accès privilégié à l’ensemble des contenus et avant-projets publiés par Constructo, abonnez-vous.