Montréal se positionne dans le peloton de tête des meilleures villes cyclables en Amérique du Nord et se distingue particulièrement du fait de la qualité de certains de ses liens, notamment au sein de ses arrondissements centraux. Mais il reste encore des étapes à franchir pour en assurer sa pleine concrétisation.
Montréal, milieu des années 80. La place du cycliste en ville s’impose graduellement, de même que la volonté de favoriser une cohabitation plus harmonieuse avec les automobilistes. Ainsi, la poursuite de l’objectif de relier différents parcs entre eux pour mieux profiter de la ville sera à l’origine de l’aménagement du premier axe qui marquera l’essor des pistes cyclables en ville : celui de la rue Rachel entre la rue Boyer et le parc Jeanne-Mance. Il faudra attendre une vingtaine d’années de plus, vers la fin de l’année 2007 avec la réalisation du plan de transport, pour assister à un second boom d’accélération avec l’inauguration de la piste cyclable du boulevard De Maisonneuve, qui dès lors occupe les premiers rangs des pistes en site propre dans un centre-ville en Amérique du Nord. Puis, l’implantation du Réseau express vélo (REV) sur la rue Saint-Denis en 2020, avec ses voies protégées permettant la cohabitation des différents usagers, constitue, pour ainsi dire, une troisième phase dans l’historique du réseau cyclable dans la ville.
Comme le souligne non sans fierté Alicia Dufour, attachée de presse au cabinet de la mairesse et du comité exécutif de la Ville de Montréal, la métropole est reconnue comme l’une des meilleures villes cyclables en Amérique du Nord et il ne fait aucun doute que les efforts déployés au fil des ans pour développer son réseau portent toujours ses fruits. « Durant notre premier mandat, nous avons travaillé très fort afin de déployer de nouveaux axes structurants, sécuritaires, agréables et confortables pour toutes et tous les cyclistes, précise-t-elle. La première phase du REV — qui comporte cinq axes sur près de 30 km — a changé l’expérience des cyclistes dans la ville et, plus largement, elle a permis d’apaiser des artères importantes et de revoir le partage de la rue. »
Bien que le réseau cyclable de Montréal soit bien classé, il n’empêche qu’il reste encore des étapes à franchir pour assurer la pleine concrétisation des améliorations souhaitables. Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec, est bien conscient du travail considérable exigé pour desservir l’ensemble des quartiers montréalais. Toutefois, et comme il le fait remarquer, ce n’est qu’un faible pourcentage de l’espace de voirie — à peine 2,5 pour cent pour être précis — qui est réservé aux infrastructures cyclables. « Il y a eu des moments où l’administration actuelle de Montréal a été très engagée, mais actuellement, ça fait deux ans que c’est un peu plus “sur les freins” », déplore-t-il.
L’attachée de presse au cabinet de la mairesse reconnait que, malgré le travail accompli, des améliorations devront être apportées, particulièrement auprès des secteurs moins bien desservis comme Côte-des-Neiges ou Montréal-Nord. « Nous souhaitons désormais intervenir en priorité dans ces secteurs afin de répartir plus équitablement les investissements, mais aussi de consolider le réseau cyclable. Nous sommes conscients que lorsqu’on rajoute des infrastructures cyclables sécuritaires et conviviales, de nouvelles personnes décident de se mettre au vélo, affirme-t-elle. C’est pour ça qu’il faut veiller à ce que le plus de Montréalais et Montréalaises aient accès à des infrastructures cyclables. »
Sortir des sentiers battus
Alors que les secteurs les mieux desservis se situent principalement au centre de la ville, notamment le long de la ligne orange du métro, le souhait exprimé est de sortir des quartiers centraux afin d’améliorer les infrastructures cyclables et de favoriser la pratique du vélo. « Il faut faire un effort particulier dans les quartiers qui sont adjacents à ces secteurs et qui bénéficieraient d’une connectivité avec le réseau existant. Ahuntsic, Montréal-Nord, Villeray– Saint-Michel–Parc-Extension, mais aussi Côte-des- Neiges, Notre-Dame-de-Grâce et Saint-Laurent en sont de très bons exemples, précise le PDG de Vélo Québec. Et ce, sans oublier la périphérie de Montréal, avec ses rues plus larges et ses espaces plus grands, qui présente autant d’opportunités pour le développement du réseau cyclable. »
À ses yeux, le montant de l’enveloppe alloué au réseau cyclable, 17 M$ pour l’année 2022, représente une somme relativement faible si on la compare à ce qui est investi pour la réfection des routes, notamment. « Pour donner une idée de grandeur, cette somme équivaut à ce qu’il en coute, c’est-à-dire environ 20 M$, pour un seul petit chargement de neige, constate Jean-François Rheault. C’est très peu pour une ville comme Montréal qui veut développer son réseau. » Cette somme devra couvrir des interventions qui auront lieu un peu partout dans la métropole, la Ville ayant relevé une quarantaine de chantiers reliés au réseau cyclable qui incluent la création des voies cyclables, mais aussi des travaux de mises à niveau des pistes aménagées dans les années 80 qui ne sont plus tout à fait conformes.
En matière de travaux importants, certains sont déjà en cours pour la mise en oeuvre de l’axe Viger/Saint-Antoine/ Saint-Jacques du REV, et l’axe cyclable sur la rue Villeray dans l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel– Parc Extension sera aussi prolongé sur un tracé d’environ 4,5 km. « Ce sont des chantiers considérables, mais comme cette année on ne compte que l’ajout de 17 km de nouvelles pistes, cela signifie qu’il n’y aura pas tant de travaux que ça », estime le président de Vélo Québec.
Dans le même esprit, Alicia Dufour souligne que la Ville poursuivra sur sa lancée au cours des prochains mois et des prochaines années pour bonifier son réseau cyclable, toujours avec la forte détermination que Montréal soit la ville cyclable en Amérique du Nord. « On sait que, pour y arriver, conclut-elle, on doit avoir un réseau cyclable sécurisé, accessible et efficace. C’est dans ce sens-là qu’on travaille pour amener le réseau cyclable à un autre niveau et ce sera à ce niveau que les investissements devront se faire. »
Alors que d’importants chantiers auront lieu dans la ville, deux types d’intervention sont prévus : « Pour les pistes permanentes qui exigent plus de travaux, la construction de maillages de béton est tout indiquée alors qu’un simple marquage au sol et des bollards suffiront pour créer une séparation physique avec les voies de circulation automobile dans le cas des pistes transitoires, illustre Jean-François Rheault. Au cours de la dernière phase, de nouvelles méthodes de construction et d’aménagement ont été adoptées pour le réseau, notamment sur la rue Peel, avec l’utilisation de revêtements de béton. Il est certain que la demande sera de plus en plus grande pour l’utilisation de ces méthodes et il sera nécessaire de développer une expertise afin d’élever ce réseau cyclable à un niveau de qualité supérieur. »
Cet article est tiré du Dossier régional – Montréal 2022, accessible gratuitement ici.
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